Les systèmes d’Intelligence artificielle (IA) se définissent comme l’ensemble des technologies numériques capables de reproduire et simuler, grâce à un algorithme, le fonctionnement cognitif humain. Capables de formuler des recommandations, d’établir des prévisions et de prendre des décisions pour un ensemble d’objectifs définis, elles représentent des clés de pouvoir du monde de demain, de plus en plus numérique.
Souvent jugées trop complexes et peu comprises dans leurs ensembles, la confusion règne et fait de leur acceptabilité sociale un enjeux majeur au sein des territoires français.
En réalité, l’IA est déjà une partie prenante de la société actuelle en étant massivement opérationnelle dans la gestion des déchets, de l’éclairage public, dans la traduction automatique ou bien même encore dans les chatbot utilisés par les systèmes de la sécurité sociale. Dans un souci de modernisation et d’amélioration, elle s’attèle à faciliter les activités qui peuvent être automatisées.
En 2018, missionné par le Premier Ministre, le député Cédric Villani préside un rapport (1) sur la stratégie française et européenne relative à intelligence artificielle. Il porte son attention sur la nécessité de lui donner un sens, c’est-à-dire une signification et des explications. Il y aborde la préoccupation environnementale, en effet dans un monde où la donnée et les technologies numériques ont une influence considérable sur la consommation d’énergie, il est impératif de mettre au cœur de l’IA la prise en compte des intérêts écologiques afin de la penser nativement frugale.
En 2022 sur demande du gouvernement, le Conseil d’Etat rédige une étude (2) sur l’intelligence artificielle et l’action publique appelée « construire la confiance et servir la performance ». Le constat qui y est fait affirme leur sous-exploitation par les collectivités publiques françaises. Il faut dès lors repenser leur usage afin que l’Etat soit un des acteurs de cette dynamique d’exemplarité. Cela se fait par un des outils qu’elle détient ; la commande publique.
Ainsi, tout l’intérêt est de définir un rapport de complémentarité entre l’humain et les systèmes d’IA mais aussi d’apprendre à mieux penser l’impact humain sur son environnement au travers des technologies numériques. Dès lors, un tel déploiement au sein de l’action publique doit permettre d’améliorer la qualité du service public, de permettre d’optimiser les ressources publiques matérielles et humaines tout en se constituant un important levier de compétitivité économique supranational.
Pour se faire, le Commissariat de Gestion du Développement Durable du Ministère de la Transition Ecologique, par son Ecolab (laboratoire qui promeut l’innovation comme accélérateur de la transition économique et prône une commande publique plus verte) (3) a lancé un projet qui s’appuie sur deux démarches ; la stratégie nationale pour l’IA et la planification écologique. Destiné aux collectivités, établissements publics et entreprises, il propose un accompagnement dans le développement des projets d’IA au sein des territoires. Sa mise en place doit répondre aux besoins spécifiques de ceux-ci et être adaptée aux divergences des territoires dont la finalité est de cibler leurs enjeux prioritaires. L’atout majeur de ces technologies est leur caractéristique frugale : sobre en données et en énergie, elles permettent de limiter leur impact environnemental.
De multiples cas d’usages de l’IA peuvent être mis en place, par exemple il peut s’agir de l’« optimisation de tournées de ramassage scolaire (diminution du nombre de kilomètres parcourus annuellement, et donc réduction de l’empreinte carbone de cette activité)».
A l’issue de cet appel à projet trois collectivités et un groupement d’intérêt public en sont les lauréats. La Ville de Bordeaux avec un projet sur l’optimisation énergétique des bâtiments, celle de Noisy-Le-Grand relatif à la réduction énergétique immédiate et à long terme de la ville et la Collectivité de Metz avec le projet villes propres, accueillantes et respectueuses de l’environnement. Pour finir, le GIP Vendée Numérique propose un projet d’intelligence et de durabilité du territoire.
L’objectif étant la réplicabilité des solutions proposées dans d’autres territoires. Cependant, l’IA n’étant pas une fin en soi, elle doit être conçue comme un moyen, parmi de nombreux autres, au service de l’action publique afin d’en démultiplier l’efficacité.
(1) https://fichiers.acteurspublics.com/redac/pdf/2018/2018-03-28_Rapport-Villani.pdf
(3) https://greentechinnovation.fr/