Tel un coup de tonnerre, la nouvelle a retenti : le gestionnaire grec du réseau de gaz naturel (DESFA), en collaboration avec cinq autres opérateurs des Balkans (Bulgarie, Roumanie, Hongrie, Slovénie et Tchéquie), œuvre à la création d’un vaste réseau de transport d’hydrogène reliant la Grèce à l’Allemagne.

Selon des sources proches du DESFA, l’intérêt de l’Allemagne repose sur les contributions potentielles de la Grèce en matière d’importation d’hydrogène vert, crucial pour la transition énergétique européenne. Parmi les avantages compétitifs de la Grèce figurent son faible coût de production d’hydrogène vert ainsi que sa position géostratégique, qui facilite le transit depuis le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

Les besoins croissants de l’Allemagne en hydrogène

D’ici 2030, l’Allemagne devrait consommer 130 térawattheures d’hydrogène par an, dont 100 térawattheures devront être importées. La Grèce aspire à devenir un acteur clé en tant que producteur et exportateur d’hydrogène vert, exploitant la production excédentaire de ses énergies renouvelables.

Défis environnementaux et sociaux

Toutefois, cette stratégie prometteuse suscite des inquiétudes. Le ministre grec de l’Énergie, Th. Skylakakis, a souligné que ces exportations pourraient stabiliser la demande énergétique locale, mais seulement si les énergies renouvelables permettent une production continue. Il a également mentionné l’utilisation du dessalement comme une solution à l’augmentation.

Certaines voix critiques dénoncent ces projets, qu’elles jugent responsables d’une expansion massive des infrastructures renouvelables, principalement destinée à l’exportation d’hydrogène. Le gouvernement a toutefois confirmé qu’il n’envisageait pas de restreindre les nouvelles connexions au réseau, et ce, malgré les contraintes actuelles liées au stockage.

Une dépendance énergétique croissante

Des inquiétudes émergent quant à la transformation de la Grèce en « colonie énergétique ». Cette dépendance est renforcée par d’autres projets tels que la connexion électrique entre la Grèce et l’Allemagne. Lors d’un forum sur les énergies renouvelables organisé par energypress.gr, les discussions se sont concentrées sur les moyens de surmonter les oppositions locales, souvent perçues comme des manipulations politiques.

Le corridor énergétique reliant la Grèce à l’Allemagne reflète une ambition stratégique pour l’Europe. Cependant, il soulève des interrogations sur les impacts sociaux, environnementaux et la souveraineté énergétique de la Grèce.

Ces projets, présentés comme une opportunité stratégique pour l’Europe, ne font qu’enchaîner la Grèce à une dépendance énergétique insoutenable. En sacrifiant les ressources naturelles du pays et les communautés locales, ils menacent directement la souveraineté énergétique et l’équilibre écologique de la Grèce.

Une réflexion équilibrée est nécessaire pour concilier objectifs économiques et durabilité.