La gestion des déchets est un défi important pour les collectivités locales. Dans le but de réduire les déchets, les communes françaises doivent collecter séparément les biodéchets. La méthanisation est une méthode de valorisation de ces biodéchets. Cet article examine les étapes de la valorisation des biodéchets par la méthanisation, de la collecte à la production de biogaz, en soulignant l’importance du choix du mode de collecte et les facteurs clés de réussite d’un projet de méthanisation.
1. L’obligation de trier les biodéchets
Selon l’article L. 2224-14 du CGCT les personnes publiques ont la charge de la collecte et du traitement des déchets ménagers ainsi que les opérations de transport qui s’y rapportent. Depuis le 1er janvier 2024, les communes françaises sont tenues de mettre en place une collecte séparée des biodéchets (déchets verts et alimentaires[1]), conformément à la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire dite loi AGEC du 30 octobre 2018. Cette obligation vise à réduire les quantités de déchets, valoriser les déchets organiques, répondre aux objectifs de la loi de transition énergétique pour la croissance verte et améliorer la gestion des déchets. Ces biodéchets une fois triés peuvent être valorisés par la méthanisation.
Une fois le tri effectué, les biodéchets doivent être traités cependant une étape intermédiaire est nécessaire : la collecte.
Avantages et inconvénients des différents types de collecte :
Le choix du mode de collecte des biodéchets doit être adapté au territoire[2]. Par exemple, la collecte en porte-à-porte peut être mise en place dans les zones urbaines, tandis que la collecte en points d’apport volontaire serait privilégiée dans les zones rurales.
2. Que faire des biodéchets ?
Le compostage est un processus biologique de dégradation des matières organiques en présence d’oxygène. Le compost obtenu peut être utilisé comme amendement organique enrichissant les sols en éléments nutritifs. L’utilisation du compost augmente la capacité de rétention d’eau et des éléments fertilisants du sol tout en favorisant sa microfaune et microflore. En somme, cela protège la biodiversité et l’équilibre biologique du sol. [3]
La méthanisation est quant à elle un processus biologique de dégradation des matières organiques en absence d’oxygène. Elle permet de produire :
- du biogaz, une énergie renouvelable,
- et du digestat, un fertilisant naturel
Ainsi, méthaniser les biodéchets permet de valoriser ces déchets en produisant de l’énergie et en réduisant notre dépendance aux énergies fossiles importées.
Avantages et inconvénients des types de traitement :
En somme, chacun présente ses avantages et inconvénients, le choix de la filière de traitement dépend des caractéristiques locales, des volumes de déchets à traiter et des coûts.
3. Projet de méthanisation pertinent
Lorsqu’une collectivité s’engage dans un projet de méthanisation, cela relève de sa compétence en matière d’énergie et s’inscrit dans une mission d’intérêt général. Dans certains cas, la méthanisation peut s’avérer une option intéressante pour traiter les biodéchets. Toutefois, il est important de souligner que le compostage reste le mode de valorisation prioritaire des biodéchets, conformément à la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte[4].
Pour que la méthanisation soit responsable et durable, il est essentiel de veiller à ce que l’installation de méthanisation soit bien intégrée dans son environnement.
Deux facteurs clés sont à prendre en compte pour la réussite d’un projet de méthanisation : la quantité et la qualité des biodéchets.
Il est nécessaire de disposer d’une quantité suffisante de biodéchets à valoriser pour que la méthanisation soit économiquement viable.
En outre, les biodéchets collectés doivent être correctement triés, ce qui peut nécessiter une campagne de sensibilisation au geste de tri[5]. Selon une étude menée en Allemagne[6], la qualité et la quantité de biodéchets collectés dépendent davantage du mode de collecte que des caractéristiques socio-économiques des populations.
Pour être pertinent, le projet de méthaniseur doit prévoir des débouchés pour le biogaz et le digestat produits. Sa pertinence dépend aussi de la proximité des sites de production et de méthanisation des biodéchets et du contexte local.
Conclusion
La méthanisation peut être une option intéressante pour valoriser les biodéchets dans certains cas, à condition de respecter une approche responsable et durable. En adoptant une gestion rigoureuse des intrants et des effluents, en respectant la réglementation en vigueur et en mettant l’accent sur l’acceptation sociale du projet. Il est ainsi possible de maximiser les avantages de la méthanisation tout en minimisant les potentiels impacts négatifs.
[1] https://infos.ademe.fr/economie-circulaire-dechets/2024/le-tri-a-la-source-des-biodechets-cest-maintenant/
[2] https://transitions.landot-avocats.net/2024/04/09/om-peut-on-repasser-du-porte-a-porte-a-lapport-volontaire-mise-a-jour-a-avril-2024-en-raison-dune-nouvelle-jurisprudence/
[3] https://noe.org/les-bonnes-raisons-de-faire-son-compost#:~:text=L’utilisation%20du%20compost%20a,un%20%C3%A9quilibre%20biologique%20du%20sol%20!
[4] https://www.upcycle.org/compostage-ou-methanisation-des-biodechets-comment-choisir/
[5] https://www.ecologie.gouv.fr/biodechets
[6] https://www.infometha.org/effets-environnementaux/traitement-des-dechets-et-economie-circulaire/methanisation-des-biodechets
Remerciement à Maître Mounia PALAGI ayant dispensé, en novembre 2023, le cours intitulé « Montage contractuel et juridique d’un projet de méthanisation à partir de biodéchets et par une collectivité » aux étudiants du Master 2 DGEDD.
Source image : https://unsplash.com/fr/photos/un-groupe-de-grands-reservoirs-blancs-assis-au-sommet-dun-champ-verdoyant-JJkwsqNv4d0 (photographie prise par Julia Koblitz à Grasleben, Grasleben, Deutschland)