You are currently viewing L’augmentation des allergies aux pollens, le réchauffement climatique et la pollution en cause ?
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Aujourd’hui près de 25% de la population française souffre d’allergies aux pollens, aussi appelées pollinoses. L’augmentation des personnes souffrant d’allergies aux pollens n’est plus à démontrer. De nombreuses études ont étudié la thématique et ont mis en avant une hausse effective des cas d’allergiques.

Dans une note d’appui scientifique et technique [i] de 2022, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, a notamment estimé que « la prévalence des allergies respiratoires a été multipliée par 3 en 30 ans ».

Différentes études ont affirmé la responsabilité du réchauffement climatique et de la pollution dans cette augmentation du nombre de personnes atteintes d’allergies, mais aussi dans l’augmentation de la gravité des symptômes qui y sont liés.

 

Une précocité récurrente des saisons

Les derniers rapports [ii] de surveillance des pollens et des moisissures dans l’air ambiant publiés par le RNSA (Réseau National de Surveillance Aérobiologique) mettent en avant que l’augmentation de la quantité de pollens et de personnes y étant allergique est « notamment due au changement climatique avec l’augmentation des températures qui favorise l’émission et la dispersion des pollens ».

En effet, l’augmentation des températures, qui cause notamment un bousculement dans le cycle classique des saisons, a pour effet de décaler et d’allonger la saison des floraisons. Les périodes d’allergies commencent de ce fait plus tôt et durent plus longtemps. Les températures plus hautes créent aussi un environnement favorable pour la prolifération de certains pollens particulièrement allergènes comme l’ambroisie, le cyprès, le frêne, l’aulne ou le charme. La production plus importante de pollens est aussi due à la quantité de CO2 dans l’atmosphère.

De plus, le réchauffement climatique et son impact direct sur la biodiversité est venu modifier la répartition spatiale des végétaux, et par conséquent des pollens. De plus en plus de personnes se découvrent ainsi des allergies puisqu’ils sont mis en contact avec de nouveaux types de pollens.

 

Les pollutions : facteurs d’aggravation des allergies

En plus d’être au contact de plus et de nouveaux pollens, on observe aussi une tendance des symptômes des allergies à être plus importants. Cette tendance peut s’expliquer par l’impact des polluants sur la sensibilité des individus, mais aussi sur les pollens.

En effet, lorsque certains polluants, tels que l’ozone (O3), le dioxyde de soufre (SO2) ou le dioxyde d’azote (NO2), entrent en contact avec la paroi du grain de pollen, celle-ci peut se déformer et se fracturer. Par conséquent, les grains de pollens allergènes vont alors se disperser dans l’air en quantité plus nombreuse et en taille plus réduite. Ils pourront ainsi pénétrer les voies respiratoires de façon plus profonde.

Enfin, le dérèglement climatique a aussi pour effet de provoquer des phénomènes sévères de façon plus régulière. Ainsi, par exemple, a eu lieu en région parisienne en juin 2023 un épisode important d’asthme d’orage. Cet évènement peut être défini comme un épisode orageux au cours duquel « les grains de pollens gorgés d’eau éclatent en de multiples particules de très petite taille particulièrement allergisantes, qui pénètrent encore plus profondément dans l’arbre bronchique »[iii]. Des alertes concernant ce type d’incidents, pouvant mener jusqu’à des hospitalisations, se font de plus régulières chaque année.

 

D’ici 2050, l’allergologue Catherine Quequet prévoit que « la moitié de la population sera concernée par tout type d’allergie » [iv]. Pour réduire l’augmentation d’allergies et d’allergiques aux pollens, l’idéal semble donc être la réduction des pollutions et du réchauffement climatique, mais d’ici là, les collectivités pourraient déjà, par exemple, commencer par faire un travail de sélection des espèces à planter dans les zones urbaines selon leur potentiels allergisant [v].

 

Pour en savoir plus : 

[i] ANSES, Note d’appui scientifique et technique, 2022 : https://www.anses.fr/fr/system/files/AIR2020AST0168.pdf

[ii] RNSA, Rapport de surveillance des pollens et des moisissures dans l’air ambiant, édition 2023 : https://pollens.fr/uploads/fixed_link/docs/rc.pdf

[iii]   RNSA, Alerte orages d’asthmes : https://pollens.fr/uploads/fixed_link/docs/cpao.pdf

[iv]  Quequet Catherine, « Les nouvelles allergies », Editions du Rochers, 2022

[v] RNSA, Tableau de comparaison de différents végétaux selon leur potentiel allergisant : https://www.pollens.fr/le-reseau/les-pollens

A propos de Céline Bieber