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“Nous sommes plusieurs à ne pas vouloir faire mine d’être fiers et méritants d’obtenir ce diplôme à l’issue d’une formation qui pousse globalement à participer aux ravages sociaux et écologiques en cours.” S’il s’agit là d’un extrait du discours d’étudiants d’AgroParisTech lors de leur cérémonie de remise de diplôme du 30 avril 2022, les étudiants exigeant de leur établissement de rattachement qu’il s’implique davantage en matière environnementale sont de plus en plus nombreux.

Des métiers spécifiquement liés à la transition écologique et énergétique se développent peu à peu. En parallèle, des métiers déjà existants nécessitent aussi une évolution des compétences pour répondre à la crise environnementale. Le défi historique de la transition écologique exige, en effet, que l’ensemble des décideurs de demain soient informés de ces enjeux et formés pour y répondre.

 

Un nouveau besoin en formation : l’appel des étudiants

La Convention citoyenne pour le climat, dans son rapport rendu public le 21 juin 2020, a identifié la formation comme un levier d’action pour changer profondément nos modes de vie actuels et répondre à la lutte contre le changement climatique.

Avant cela, le Manifeste étudiant pour un réveil écologique a rassemblé plus de 30.000 signataires depuis 2018. Les étudiants sollicitaient déjà une évolution des maquettes de formation pour adapter leur cursus aux enjeux environnementaux. En effet, l’intérêt des étudiants est croissant pour les questions environnementales, et va de pair avec leur volonté d’occuper un poste qui fasse sens et leur volonté de travailler pour un employeur qui partage les mêmes valeurs. Ainsi, le développement durable est devenu le sujet phare des étudiants, devant l’éducation et la santé, pour lequel ils souhaitent s’impliquer profondément.

Parmi les formations dispensées dans l’enseignement supérieur, 24% proposent des cours facultatifs ou obligatoires intéressant l’écologie et seulement 11% des cours obligatoires sur ces enjeux[1]. Or, suivant la consultation nationale étudiante 2020, 65% des étudiants souhaiteraient que les cursus universitaires intègrent la transition écologique dans les programmes. En d’autres termes, les étudiants témoignent d’une conscience climatique de nature beaucoup plus développée que ce n’était le cas au cours des décennies passées. La prise en compte des enjeux environnementaux est aujourd’hui un critère pour la recherche d’emploi qu’il s’agisse du secteur public ou privé. Les étudiants sont désireux d’incarner les changements sociétaux nécessaires à la transition écologique et partagent le souhait de sauvegarder et de préserver la nature, le cadre et la qualité de vie sur le territoire.

 

Une transformation des métiers existants pour répondre aux défis de la transition écologique :

En mai dernier, une trentaine d’élus locaux dénonçaient, dans une tribune adressée au Courrier des Maires, l’obsolescence des formations à leur disposition notamment sur le volet environnemental : « pour être à la hauteur des défis de la transition, il est temps de prendre en main notre (trans)formation ». En effet, une montée en compétence technique sur les sujets propres aux défis de la transition écologique est aussi nécessaire pour les métiers existants.

Si la transition écologique et énergétique est un véritable levier d’opportunités en termes de création d’emploi dans la filière, elle entraîne, en parallèle, l’évolution progressive de tous les secteurs d’activité : tous les secteurs économiques doivent aujourd’hui être repensés pour répondre aux défis de la crise climatique.

Certains secteurs se voient, quant à eux, complètement remodelés au prisme de la transition énergétique : c’est par exemple le cas des exploitants agricoles qui deviennent peu à peu de véritables énergéticiens lorsqu’ils installent des unités de méthanisation au sein de leur exploitation.

 

 

Si la transition écologique et énergétique est aujourd’hui plus que nécessaire, cette dernière passe avant tout par la création de nouveaux métiers mais aussi la transformation des formations et emplois actuels pour prendre en compte les enjeux majeurs qu’elle englobe. Des étudiants aux exploitants agricoles en passant par les élus locaux, tous voient leurs perspectives de carrières et leurs métiers évoluer au prisme de cette transition. Reste encore au gouvernement et ministères par le biais des programmes du cycle supérieur mais aussi aux employeurs d’intégrer ces demandes pour changer la donne.

 

 

[1] Mobiliser l’enseignement supérieur pour le climat : former les étudiants pour décarboner la société, (mars 2019), The Shift Project, en ligne : https://theshiftproject.org/wp-content/uploads/2019/03/2019-03- 25_Rapport_Mobiliser-lenseignement-supérieur-pour-le-climat_The-Shift-Project.pdf

 

A propos de Anna FIEGEL