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Le secteur immobilier est l’un des principaux contributeurs aux émissions de CO2 liées à l’énergie, représentant environ un tiers des émissions. Cette situation est notamment due à l’utilisation du gaz et du charbon pour le chauffage des habitations. L’installation de pompes à chaleur est donc de plus en plus encouragée, en tant que technologie clé pour la décarbonation du chauffage des bâtiments. Pourtant, en 2023, le marché des pompes à chaleur a connu un recul préoccupant : les ventes ont baissé de plus de 5 % par rapport à l’année précédente.[1]

Un « Heat pump action plan » pour déployer la technologie

D’après un rapport du World Economic Forum, les technologies de chauffage à faible émission de carbone devront représenter 70 % du marché d’ici 2030, et en 2050, 80 % de l’électricité produite à partir de sources renouvelables sera directement utilisée pour le chauffage[2]. L’Association européenne des Pompes à Chaleur (EHPA) exhorte donc la Commission de revitaliser le marché et l’industrie des pompes à chaleur en Europe à travers un « plan d’action pour le déploiement des pompes à chaleur »[3], similaire au « Wind Power Action Plan » pour l’éolien[4] ou à la « European Solar Charter » pour le secteur du photovoltaïque[5].

Le secteur comprend actuellement plus de 200 fabricants prévoyant d’investir 7 milliards d’euros au sein de l’Union. Lors d’un débat organisé par la Commission Européenne en juin dans le cadre de la « European Sustainable Energy Week », Andreas Voigt, membre de l’association, a averti que l’Europe risquait de répéter les mêmes erreurs qu’avec l’industrie solaire et éolienne, menant à une perte de compétitivité et à la délocalisation de l’industrie hors de l’Union Européenne.[6]

Ce plan d’action permettrait l’accélération du déploiement des pompes à chaleur, à travers des mesures de soutien financier, d’incitations à la décarbonation et de renforcement des chaînes d’approvisionnement. Mais surtout, il apporterait une sûreté réglementaire au secteur ainsi qu’un signal politique fort en faveur de cette technologie. Au-delà de ce programme, Bruxelles devra également s’attaquer à un problème majeur auquel fait face le secteur : le rapport entre le prix du gaz et celui de l’électricité. En effet, une pompe à chaleur électrique est plus coûteuse à faire fonctionner qu’une chaudière à gaz classique, notamment avec la redescente des prix du gaz. L’association professionnelle dénonce également la hausse des taux d’intérêts par la Banque Centrale Européenne, qui rend le financement des pompes à chaleur par crédit peu attractif.

Une tâche en suspens

En 2023, la Commission Européenne avait déjà envisagé un plan d’action spécifique pour les pompes à chaleur, mais cette proposition a été retirée de l’agenda en fin d’année[7]. Lors de la « European Sustainable Energy Week », la Direction Générale de l’Énergie (DG Ener) a finalement annoncé son intention d’intégrer des mesures de soutien au déploiement des pompes à chaleur dans un plan plus large pour les secteurs du chauffage et du refroidissement. Cependant, la mise en œuvre de ces propositions dépendra du mandat de la prochaine Commission.


[1]https://www.euractiv.com/section/energy-environment/news/donagh-ecb-and-cheap-gas-to-blame-for-heat-pump-slump-says-lobby-group/

[2] https://www3.weforum.org/docs/WEF_Decarbonising_Heating_2021.pdf

[3] https://www.euractiv.com/section/buildings/news/brussels-takes-heat-pump-action-plan-off-the-agenda/

[4] https://commission.europa.eu/news/eu-wind-power-action-plan-keep-wind-power-european-success-story-2023-10-24_en

[5] https://energy.ec.europa.eu/topics/renewable-energy/solar-energy/european-solar-charter_en?prefLang=fr

[6] https://interactive.eusew.eu/eusew-2024/programme

[7] https://www.euractiv.com/section/buildings/news/brussels-takes-heat-pump-action-plan-off-the-agenda/

A propos de Hugo FERREIRA