Le paradoxe d’un besoin indispensable des métaux pour réussir la transition énergétique et écologique (Partie 2)

 

Source : https://www.portalminero.com/wp/barrick-pondra-en-funcionamiento-en-2020-linea-de-transmision-que-unira-a-chile-con-argentina/


Quel est l’impact de l’extraction des métaux sur l’environnement ?

Les résidus miniers représentent des volumes très importants de déchets difficilement gérables. Cela est dû à des taux faibles et décroissants de concentration de leurs matières[1].

Par conséquent, les impacts environnementaux prennent la forme de pollution locale et destruction de l’écosystème. Aussi, on constate une pollution radioactive par concentration de déchets miniers, l’émission de dioxyde de carbone, entre autres[2].

Les produits chimiques utilisés dans l’extraction de ces métaux provoquent de « risques de dégradation de la qualité des eaux de surface et souterraines, ainsi que des sols[3] ». Cependant, l’affectation des eaux se produit lors du traitement des minerais ou même après la fermeture des mines si des mesures préventives ne sont pas prises[4].

Quel impact est le plus nuisant sur l’environnement ?

« C’est le drainage minier acide en tant que phénomène biochimique associé à la présence de sulfures, notamment, dans le contexte après-mine sur des sites abandonnés[5]». Pour cette raison, le cycle de l’eau est affecté. En effet, dû à cette activité extractive, il existe un problème de quantité d’eau mobilisé, lequel provoque un détournement des eaux vers l’activité extractive.

D’ailleurs, « la production des métaux peut affecter aussi la qualité de l’air. Ceci par émission des particules fines, d’oxydes de carbone, d’azote ou de soufre et de composés organiques volatils[6] ». La plus grande conséquence de ces émissions vers l’eau et l’air, c’est l’affectation de la santé humaine et la perturbation des écosystèmes naturels et agricoles. De plus, ces activités extractives à ciel ouvert peuvent mettre la biodiversité animale et végétale en danger.

Selon les recherches du Bureau Français de Recherches Géologiques et Minières (BRGM), l’industrie extractive des minerais est le plus grand producteur mondial de déchets : « 13 milliards de tonnes par an de résidus de laverie sont générés par l’industrie minérale, soit environ 5 fois la masse annuelle des déchets urbains »[7]. A cause de cela, une grande quantité des déchets miniers est stockée sur des sites abandonnés [8].

Pour cette raison, quand ces résidus sont stockés, ils peuvent présenter des risques en cas de rupture des digues de rétention lorsque celles-ci sont mal conçues. Les conséquences peuvent s’avérer catastrophiques, comme c’était le cas de la rupture d’un barrage minier à Brumadinho (Brésil, 2019.)

Quel est l’impact social ?

Au-delà d’une fermeture d’une mine, la principale affectation se révèle vers l’emploi, puisque le secteur de la mine et de la métallurgie représente plus de 2,5 millions d’emplois directs[9].

Comment peut-on faire face à cet impact sur l’environnement ?

La première solution proposée est la mise en place du recyclage pour limiter l’impact sur l’environnement [10]. En effet, « les déchets miniers peuvent contenir des métaux recherchés, comme les métaux critiques[11]».

D’une part, il existe des techniques de retraitement pour récupérer ces métaux. Ces dernières pourraient contribuer à optimiser la gestion globale d’anciens sites mineurs. D’autre part, il faut mettre en œuvre une gestion durable des mines avec la création d’un référentiel de mine responsable[12].

Cela implique une réforme du modèle de gouvernance du secteur minier de manière globale afin de concilier les objectifs sociaux, environnementaux et économiques, dont des chaînes de valeur doivent être ajustées aux 17 objectifs du développement durable[13].

En outre, on peut aussi réduire la demande de minéraux et de métaux primaires. Pour y parvenir, il va falloir adopter des approches de l’économie circulaire. Ceux-ci sont :

·       L’écoconception ,

·       La remise à neuf de la réutilisation ,

·       L’exploitation des ressources secondaires minérales et métalliques tels que des résidus et déchets industriels[14] .

Des données claires

  • D’après l’étude de l’OCDE[15] de 2019, l’utilisation de matières premières devrait pratiquement doubler dans le monde d’ici à 2060[16] ;
  • Celui indique, également, qu’à l’égard des métaux, la consommation passerait de 7 à 19 milliards de tonnes par an[17] ;
  • La Russie produit 40% de nos besoins en titane, 40% du palladium (présent dans les pots catalytiques des voitures) ;
  • Dans le domaine de l’électronique, la Russie fournit du germanium, du sélénium et du tellure utilisés comme les substrats pour les panneaux photovoltaïques ;
  • La demande mondiale du lithium pourrait être multipliée par sept d’ici à 2030[18].

 

Comment faire face à la crise d’approvisionnement et la dépendance aux importations des métaux ?

La France et l’UE cherchent des solutions harmonisées en travaillant conjointement. D’une part, la France veut[19] :

  • Développer une diplomatie des métaux pour s’approvisionner au niveau international ;
  • Déployer des moyens substantiels pour contrôler la ressource ;
  • Mettre en place un fonds d’investissement privé afin de prendre des participations minières minoritaires auprès d’opérateurs dans les pays riches en ressources[20];
  • Investir dans des recherches qui n’utiliseront pas des métaux critiques ;
  • Inclure dans la taxonomie de l’UE les mines de métaux critiques de manière à ce qu’elles soient considérées comme des technologies vertes par les investisseurs ;
  • Chercher une politique où les métaux doivent être soumis à une réglementation qui comprend le recours à une électricité décarbonée pour garantir que les produits proviennent d’une mine responsable ;
  • Relocaliser certaines activités minières pour favoriser le retour de chaînes industrielles complètes, notamment celle de la transition énergétique[21];
  • Mettre en place le recyclage comme une manière de diminuer les tensions d’approvisionnement des métaux rares[22];
  • Prendre en compte les principes de l’UE en faveur des matières premières durables 2021.

 

Comment faut-il faire face à la dépendance aux importations des métaux ?

En outre, l’Europe a défini ses enjeux en la matière :

  • Développer des projets d’intérêt européen communs (PIEC) en tant que moyen d’aide au financement du développement des chaînes de valeur ;
  • Poursuivre les recherches auprès du BRGM, organisme de référence national et international en matière de ressources minérales ;
  • Réfléchir à la résilience des chaînes de valeur industrielles de ces métaux au niveau de l’UE[23];
  • Continuer à dialoguer autour des « Mines responsables » avec la Commission Européenne ;
  • Continuer à proposer des initiatives telle que celle proposée en 2008 par la Commission européenne à travers laquelle a été adoptée l’initiative des matières premières.

En résumé, le recyclage semble une solution prometteuse qui permet aux Etats d’être indépendants. Or, selon l’UNEP, nous ne pourrons jamais récupérer dans un produit la quantité originelle de chacun des éléments qui le composent sous une forme pure. Le recyclage peut être un ralentisseur temporaire de l’accroissement des besoins en matière première et reporter l’échéance d’épuisement, mais en aucun cas l’annuler. Il est important, également, de faire entrer dans l’économie des matières premières issues des gisements naturels[24].

 

[1] BRGM. Métaux critiques concilier étique et souveraineté ? Géosciences n°26 – La revue du BRGM pour une terre durable. Juin 2022. P. 51.
[2] Ibidem., p. 36 et 49.
[3] Ibid., p. 49.
[4] Ibid.
[5] Ibid., p. 49.
[6] Voir directive des émissions industrielles 2020/75/UE). Cité sur Géosciences n°26, p. 50.
[7] Ibidem., p. 51.
[8] Directive 2006/21/CE. Les déchets des activités extractives.
[9] Ibidem., p. 51.
[10] Ibid., p. 74.
[11] Ibid.
[12] Ibid., p. 73 comment aboutir à un projet de mine responsable ?
[13] Objectifs proposés par le Programme 2030 de développement durable de l’ONU.
[14] La gouvernance des ressources minérales au 21e siècle. ONU -Programme des Nations Unies pour l’environnement. Report du 17 février 2020. La gouvernance des ressources minérales au 21e siècle | UNEP – UN Environment Programme
[15] L’Organisation de coopération et de développement économiques.
[16] BRGM. Métaux critiques concilier étique et souveraineté ? op. cit, pp. 26-27.
[17] Ibidem.
[18] Commission pour la Transition Énergétique (CTE). Report Material ans Resource Requirements for the Energy Transition – Traduit en français : « Besoins en matériaux et ressources pour la transition énergétique ». Juillet 2023. ETC-Material-and-Resource-Requirements_vF_Updated.pdf (energy-transitions.org)
[19] Ibidem., p. 26.
[20] (Banque Européenne d’investissement).
[21] BRGM. Métaux critiques concilier étique et souveraineté ? op. cit, p. 53.
[22] Ibidem., p. 74.
[23] Ibid., p. 21.
[24] Conseil Général de l’économie, de l’industrie, de l’énergie et des technologies. L’économie circulaire ou la compétition pour les ressources. La documentation française, Paris, 2015. p. 77.