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L’énergie hydraulique face au changement climatique

Selon le bilan électrique 2022 – Principaux résultats de RTE, la production d’énergie hydraulique a atteint son niveau le plus bas en 2022, depuis 1976 en raison notamment des fortes chaleurs et de la sécheresse. Le bilan précise également que « la production hydraulique est en recul de 20 % par rapport à la moyenne 2014-2019 »[1]. Une baisse importante des précipitations a été constatée, ce qui a entraîné des conséquences immédiates sur la production d’énergie hydraulique.

20%, un recul considérable notamment lorsque l’on sait que l’énergie hydraulique est la deuxième source d’énergie de notre pays derrière le nucléaire et la première source d’énergie renouvelable. 

Cette baisse de production, liée au changement climatique notamment aux sécheresses répétées, pose irrémédiablement des questions d’approvisionnement en électricité. Il est vrai que cette situation crée une grande incertitude quant à la production d’hydroélectricité et peut mener à des tensions sur la ressource en eau qui doit être partagée. 

Quelles solutions pour limiter l’impact du changement climatique ? 

« À l’horizon 2050, RTE estime que la production d’hydroélectricité annuelle moyenne sera globalement similaire à celle observée aujourd’hui (une soixantaine de térawattheures), et ce, quelles que soient les trajectoires climatiques considérées, et en tenant compte d’une hausse très légère de la capacité installée. » [2]

Cependant, nous ne pouvons connaître de façon certaine et anticipée, l’évolution du débit des cours d’eau. D’autres paramètres sont à prendre en compte tels que les usages de l’eau pour les activités humaines, l’accentuation des sécheresses et les canicules répétées. Il paraît alors indispensable de trouver une solution pour limiter et anticiper les conséquences de la sécheresse sur la production d’énergie hydraulique. 

Les STEP (stations de transfert d’énergie par pompage) et plus largement les barrages hydrauliques peuvent être facilement utilisés pour limiter les impacts du changement climatique sur la production d’énergie hydraulique.

Une STEP est un système de stockage d’eau composé de deux bassins, l’un en amont de l’autre. De l’eau en provenance du bassin du bas est remontée dans le bassin du haut. En période de forte demande d’électricité, l’eau est déversée pour produire de l’électricité en conséquence. Ce dispositif est actuellement plutôt présent en zone montagneuse car il a besoin d’une haute chute d’eau et de beaucoup d’eau pour fonctionner.

L’idée pourrait être la suivante : en période de pluies, l’eau est remontée pour être stockée dans le bassin du haut. Lors de moment de sécheresse, l’eau peut être utilisée pour produire de l’électricité et ensuite pompée pour être à nouveau stockée. Il s’agirait en d’autres termes de mettre en place un système perpétuel de pompage et de stockage de l’eau dans le but de pouvoir produire de l’hydroélectricité même en période de sécheresses. Bien sûr, il faudrait prendre en compte les usages partagés de l’eau. Il s’agirait alors dans ce cadre de trouver un équilibre entre les activités industrielles, agricoles, touristiques… et la production d’électricité. Ce mécanisme permettrait d’élargir les possibilités de production qui existe aujourd’hui en matière hydraulique en implantant de nouvelles STEP.

Les STEP ne sont pas la seule solution. En effet, les barrages hydrauliques jouent déjà ce rôle central. Ils permettent de gérer l’eau, de la stocker lors de périodes de fortes pluies, de préserver l’environnement en retenant l’eau lors de période de sécheresse. Ainsi, par exemple, EDF stocke aujourd’hui 7,5 milliards de m3 d’eau dans ses barrages [3]

Anticipation

Le maître mot de cette gestion de l’eau est « anticipation ». Malgré les installations existantes et leur rôle indispensable dans la gestion de la ressource en eau, il faut sans cesse anticiper les évènements afin de prendre la meilleure décision. Pour ce faire, EDF développe de nouveaux projets en termes de performance des barrages mais aussi d’installations comme des STEP. 

Il faut également anticiper les phénomènes météorologiques pour savoir s’il faut stocker l’eau ou au contraire la déverser. EDF a fait le choix d’investir dans des appareils de mesures météorologiques afin de surveiller de manière permanente la météo et le débit des cours d’eau. Ce dispositif est complémentaire à celui de Météo France. 

La gestion fine de la ressource en eau apparaît ainsi comme une condition essentielle à la production d’énergie hydraulique, bien au-delà des installations hydroélectriques. 

L’eau une ressource partagée 

L’eau est une ressource indispensable pour de nombreuses activités comme l’agriculture, les activités touristiques et nautiques, la production d’énergie, l’industrie etc. Le ressource en eau doit alors être partagée entre ces différentes utilisations. Pour ce faire, une gestion durable et optimale doit être mise en place. 

Les producteurs d’énergie hydraulique, acteurs au cœur de cette organisation vont avec les barrages hydrauliques pouvoir stocker l’eau et permettre ainsi un usage très diversifié. Les entreprises ne décident pas elles-mêmes de ce qui doit être fait avec la ressource en eau. En effet, l’eau est considérée comme un patrimoine commun de la nation, une concertation entre les différents acteurs concernés est alors régulièrement organisée. Les producteurs suivent des obligations règlementaires ou contractuelles de gestion fine des retenues dans le cadre des concessions hydrauliques.

L’idée est de penser une gestion de l’eau à court terme, à moyen terme mais également à long terme. Les barrages jouent ainsi un rôle central. Ils ne sont pas construits uniquement pour produire de l’électricité mais aussi pour assurer un apport en eau pour les activités touristiques, agricoles, industrielles et en eau potable.  Ainsi, « En 2022, 800 millions de m³ d’eau ont été mis à disposition de ces usages alors que la production hydroélectrique d’EDF avait baissé de 22% par rapport à 2021. » [4]

 

Pour en savoir plus 

[1] https://assets.rte-france.com/prod/public/2023-02/Bilan-electrique-2022-synthese.pdf

[2] « Sécheresse et canicule : une menace pour la production électrique en France ? » Article écrit par Valentine Ambert – R et publié le 23 octobre 2023.

[3] https://www.edf.fr/groupe-edf/produire-une-energie-respectueuse-du-climat/accelerer-le-developpement-des-energies-renouvelables/lenergie-hydraulique/les-avantages-de-lhydroelectricite/enjeux-environnementaux/gestion-de-leau-et-ouvrages-hydrauliques

[4] Point sur l’impact de la sécheresse sur la production hydraulique et nucléaire – Argumentaire groupe – 22/05/2023

 

 

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