You are currently viewing La vague de pollution aux particules fines : un risque majeur pour la santé

Le 12 février dernier, la fédération des Associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (Atmo), a pris acte du phénomène de pollution aux particules fines qui touche une grande partie de la France. Sur le site de l’association, 23 villes étaient classées en alerte rouge, dont Strasbourg, selon un indice de qualité de l’air ayant pour objectif d’avertir le grand public.  

 

Les particules fines : plus petites et plus nocives 

Les particules fines (ou PM2.5) sont celles dont le diamètre est inférieur ou égal à 2,5 micromètres. Lorsqu’on parle des particules fines, on inclut généralement les particules ultrafines, c’est-à-dire celles qui mesurent moins d’1 micron. Ces particules sont de masse trop faible pour chuter au sol par simple gravité.  

Il semblerait que ces particules ultrafines soient les plus nocives pour la santé. En effet, selon l’Institut Pasteur de Lille, le corps humain est habitué aux particules dont la taille est supérieure ou égale à 1 micron et surtout, de provenance naturelle. Nous disposons en effet de filtres bronchiques permettant de protéger notre système de ce type de particules. Or, les particules fines issues de la pollution peuvent passer au travers de ces filtres et se propager dans le système respiratoire, puis dans le sang.  

Ces particules fines présentent donc un danger tout particulier pour les personnes fragiles, telles que les enfants, les personnes âgées ou les personnes souffrant d’asthme ou de maladies cardio-vasculaires. Néanmoins, elles sont également nocives pour les personnes en bonne santé, et peuvent générer des effets à court terme comme de la toux ou de la gêne respiratoire.  

Malheureusement, il existe également des conséquences à long terme de l’exposition à ces pollutions atmosphériques, qui sont bien plus graves, voire mortelles. Selon Santé Publique France, 40 000 décès par an sont attribuables à une exposition aux particules fines pour des personnes âgées de 30 ans ou plus. L’OMS considère que la pollution de l’air constitue le principal risque environnemental pour la santé dans le monde. La concentration de particules fines et de dioxyde d’azote sur la planète est, selon les recommandations de l’organisme, bien trop élevée pour notre santé. L’OMS considère que les PM2.5 tuent 4 millions de personnes par an, augmentent le risque de maladie chronique comme le diabète ou l’hypertension artérielle, et favorise l’apparition de cancer des poumons.  

 

Des particules aux origines multiples 

L’augmentation récente de la pollution atmosphérique due à l’émission de particules fines est liée aux faibles températures de l’hiver. En effet, les chauffages constituent des émetteurs importants de pollution, d’autant plus que la combustion de bois, de charbon ou de fuel génère des particules pouvant transporter des métaux lourds ou des polluants organiques persistants, donc plus nocifs. De plus, le refroidissement des températures provoque un phénomène d’inversion thermique : la température étant plus élevée à des centaines de mètres de hauteur qu’au sol, les polluants y sont piégés sous un couvercle d’air chaud. Cela provoque ainsi une limitation du déplacement vertical des masses d’air selon Pablo Campargue-Rodriguez, chargé d’études sur l’analyse de la qualité de l’air à Atmo Bourgogne France Comté, et ainsi une stagnation de ces particules au sol.  

Les particules fines peuvent cependant provenir d’autres sources indépendantes du climat. Le transport en général, et le trafic routier en particulier, sont des secteurs particulièrement polluants. Les moteurs Diesel constituent d’ailleurs une source majeure d’émission de particules fines, en dépit du filtre à particules, donc l’efficacité est d’ailleurs remise en cause par certaines associations de protection de la qualité de l’air. En outre, l’agriculture intensive, le secteur sidérurgique ou encore les secteurs d’extraction de minerais et minéraux sont des émetteurs considérables de pollution aux particules fines.  

Ces particules ne proviennent par ailleurs par que de l’Homme et de ses activités, mais peuvent également trouver leur origine dans des phénomènes naturels, tels que les éruptions volcaniques ou encore l’érosion par exemple. 

 

 

Comment lutter contre l’émission de particules fines ?  

Selon un consensus scientifique, la protection passive contre les particules fines est inefficace, il faudrait donc en limiter les émissions.  

Des incitations sont d’ores et déjà mises en place dans certaines villes pour limiter ce phénomène : la baisse du chauffage, l’abaissement de la vitesse sur les routes, la favorisation de l’usage de transports en commun ou de véhicules moins polluants, etc… Mais il n’existe aucune obligation en la matière.  

L’instauration de zones à faibles émissions (ZFE) est un exemple  de solution d’actualité, qui se veut contraignante. Il s’agit de zones dans lesquelles les véhicules les plus polluants ne sont pas autorisés à circuler. Ces zones reposent sur le principe des vignettes Crit’Air, et leur déploiement a déjà débuté dans 11 villes de France, dont l’Eurométropole de Strasbourg. D’ici 2025, les 43 agglomérations françaises de plus de 150 000 habitants devront avoir instauré une ZFE. 

En outre, la mise en place d’une stratégie de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) axée sur la lutte contre les émissions de particules fines peut également s’avérer efficace.  

Comme dans toutes les problématiques relatives au développement durable, le militantisme et l’engagement associatif constituent un levier d’efficacité majeur. Ainsi, l’association Respire a été créée en 2011 dans le but de “prévenir les atteintes sanitaires de la pollution atmosphérique et d’améliorer la qualité de l’air”. Cette association agit par le biais d’actions de sensibilisation d’actions en justice, le tout appuyé par des études scientifiques. Par exemple, très récemment, Marc Lavielle, membre du conseil scientifique de l’association, a lancé une application interactive de visualisation des données de micro-capteurs, pour les particules classées PM2.5. Cette application permet d’évaluer l’exposition à ces polluants, et de comparer ces niveaux à ceux préconisés par l’OMS.  

Cette association prend part à diverses actions juridiques. Par exemple, elle a estimé que la proposition de la Commission Européenne pour réviser la norme Euro 7 concernant les émissions de polluants des voitures, bus, vans et camions était insuffisante, malgré quelques avancées. Elles constitueraient en l’état “un ralentissement dans la reconversion vers les véhicules à faibles émissions, au détriment de la santé publique”, selon Tony Renucci, directeur de l’association. L’association Respire a également jugé insuffisante la proposition de révision de la directive sur la qualité de l’air de la Commission Européenne. Cette dernière ne s’aligne toujours pas sur les recommandations de l’OMS en termes de valeur limite, et les seuils en vigueur restent donc 2 fois plus élevés que ces recommandations. Paradoxalement, la Commission a fixé un objectif de “zéro pollution pour la qualité de l’air”, qui semble donc assez illusoire.  

 

 

Sources :  

https://reporterre.net/Particules-dans-l-air-plus-elles-sont-fines-plus-elles-sont-nocives?utm_source=RSS&utm_medium=RSS 

https://reporterre.net/La-France-en-plein-pic-de-pollution-aux-particules-fines 

https://respire-asso.org/micro-capteurs-lancement-dune-application-de-visualisation/ 

https://respire-asso.org/euro-7-une-victoire-pour-le-lobby-de-lautomobile/ 

https://respire-asso.org/ 

https://youmatter.world/fr/definition/particules-fines-definition-impact-sante/ 

 

http://les.cahiers-developpement-durable.be/outils/particules-fines/ 

https://letrois.info/actualites/lhiver-une-saison-propice-aux-episodes-de-pollution-aux-particules-fines/ 

https://www.ecologie.gouv.fr/11-zones-faibles-emissions-en-2021-lutter-contre-pollution-lair