La précarité énergétique : un enjeu de santé ?
Phénomène complexe et essentiel dans la transition énergétique, la précarité énergétique entraîne, au-delà des effets négatifs sur l’environnement, des conséquences importantes sur la santé et sur la qualité de vie des ménages.
Qu’est ce que la précarité énergétique ?
La loi du 12 juillet 2010 dite la loi Grenelle II définit en son article 11 la notion de précarité énergétique : “Est en situation de précarité énergétique au titre de la présente loi une personne qui éprouve dans son logement des difficultés particulières à disposer de la fourniture d’énergie nécessaire à la satisfaction de ses besoins élémentaires en raison de l’inadaptation de ses ressources ou de ses conditions d’habitat”.
La précarité énergétique peut provenir de difficultés financières ou d’un logement mal ou pas isolé. En effet, en 2021, 3,4 millions de ménages étaient en situation de précarité énergétique soit 11,9% des ménages. En 2022, 10,2 % des personnes déclarent des difficultés à chauffer suffisamment leur logement, en raison des prix élevés des énergies.
Quelles conséquences sur la santé ?
La précarité énergétique peut engendrer des problèmes de santé physique. Selon Dr Bernard Ledésert, médecin de santé publique, les personnes en situation de précarité énergétique sont plus sujettes à des maladies chroniques telles que “la bronchite chronique (22 % contre 10 %), l’arthrose (32 % contre 28 %), et les maux de tête ou les migraines (48 % contre 32 %)”
La santé mentale peut, elle aussi, être affectée. Il peut être difficile de vivre quotidiennement dans un logement mal chauffé. Faire ses devoirs, se reposer, recevoir peut générer de l’anxiété et de la dépression. Selon la Revue des approches existantes pour l’analyse des impacts de la précarité énergétique sur la santé des populations de l’ONPE (2019) “l’amélioration du confort thermique, réduit de moitié le risque de souffrir de détresse psychologique”
Comment est-il possible de limiter ces effets ?
La rénovation des bâtiments apparaît comme un élément efficace pour lutter contre la précarité énergétique et ainsi impacter (positivement) la santé des habitants.
« Ça fait du bien au moral ! » est l’une des premières réactions constatée par le docteur Bernard Ledésert dans le cadre d’une interview réalisée par La Santé en Action. Il constate également que près “d’un quart des adultes jugent que leur santé s’est améliorée après les travaux de rénovation”.
Le docteur Ledésert affirme qu’une action de rénovation énergétique a des effets sur la consommation médicale. Selon lui, l’enjeu est tout à la fois économique et sanitaire. Investir dans la rénovation des bâtiments contribue à l’emploi et dans le même temps participe à la réduction des frais de santé.
En effet, selon le tableau de bord de la précarité énergétique réalisé par l’ONPE (novembre 2023) la maladie générerait un coût social moyen de 135 000 €. Une rénovation efficace effacerait ce coût de santé.
Si la France réalise son objectif de rénover l’ensemble des passoires énergétiques d’ici 2028 soit près de 1,3 million logements très énergivores dans lesquels des risques de santé existent, elle pourrait réaliser des économies de coûts de santé de près de 10 milliards d’euros par an.
Ainsi, la lutte contre la précarité énergétique peut apparaitre comme un véritable moyen de favoriser la bonne santé de la population tout en contribuant positivement à la transition énergétique.
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