La puissance des croyances et de la persuasion n’est pas récente, mais certains de ces concepts nous dépassent encore tant leur application est puissante. 

Moins que son cousin l’effet placebo, l’effet nocebo est l’extension matérielle de ce dernier. 

 

Bien qu’étant avéré l’effet du placebo reste, de par une structure scientifique basée sur système de preuves, très difficile à mesurer.
En effet, il est tout de même nécessaire d’avoir conscience que son usage entraîne certaines questions éthiques. En effet, sa puissance se retranscrit également par une risque de détérioration de la confiance, d’une compromission de la relation patient-médecin 

 

Un placebo est par définition un principe dénué de  toute activité pharmacologique mais produisant les mêmes effets qu’un vrai médicament. 

La modification de la maladie d’un patient grâce à l’effet symbolique du traitement fait reposer sur le conditionnement mental ou sur l’attente du cerveau d’une réponse un poids conséquent. Ces deux mécanismes ont la capacité d’activer, dans le cerveau, dans des circuits antérieurement mémorisés une réelle réponse biologique attendue. 

A ce titre, il est reconnu que l’apparence du médicament revêt une importance fondamentale. De plus l’effet placebo est d’autant plus important lorsque le patient à déjà été traité par un produit actif en amont. De réels effets ont ainsi déjà été démontrés  dans les cas d’immonusuppression, d’addiction, de douleur, de psychopharmacologie et de régulation de la glycémie (selon INSERM). 

 

Mais cette théorie du conditionnement ne permet pas d’expliquer les effets du placebo lorsque le patient n’a pas été préalablement traité par un médicament. Dans ces secondes situations, la réponse biologique positive résulte de l’attente positive du patient. Mais d’autres facteurs peuvent également permettre de répondre à cette problématique, tels que 

  • La nature des informations données au patient
  • La libération d’endorphine ou de dopamine en relation avec le système de récompense
  • La réduction de l’anxiété et du stress
  • La qualité de la relation avec le thérapeute

Tous ces facteurs, bien que pertinents, ne permettent pas de quantifier leur part d’effet dans le résultat biologique étant donné qu’ils sont directement reliés aux systèmes de croyance des individus. Néanmoins le lien entre la diminution de l’anxiété et l’augmentation du soulagement de la douleur est avéré. Principalement pour l’anxiété situationnelle, moins pour celle chronique. 

 

  • la puissance de la volonté 

 

Aux croyances s’ajoutent la volonté, qui peut être un puissant facteur, se manifestant polyforme, tels que :

  • La volonté qu’un événement se produise ou non au contraire. 
  • L’auto-efficacité dans la manière de penser être capable de gérer un événement indésirable, « d’effectuer les bonnes actions pour induire un changement positif (Selon Université danger)
  • Le renforcement personnel consiste à interpréter « les signes d’amélioration d’une thérapie comme une preuve positive du succès du traitement en excluant les preuves négatives qui s’y opposent. »

Ces facteurs nous permettent d’appréhender l’effet Nocebo. Autrement appelé “la face cachée du placebo” (Cairn).

 

Il consiste en exactement l’inverse de l’effet placebo. A la suite de l’ingérence d’une substance inerte à laquelle ont impute des effets indésirables, le patient développe lesdits effets secondaires. 

 

En fonction des indications données aux patients, qu’elles soient positives ou négatives, ces derniers anticipent leurs effets en fonction de l’environnement. Le sujet développe alors les effets secondaires et peut même y devenir addict. 

Une fois encore, selon plusieurs études, le principal facteur à l’origine serait l’anxiété. 

Plusieurs expériences ont vu le jour, spécifiquement sur les patients atteints de Parkinson qui voient leur tremblement cesser instantanément après l’implantation d’électrodes dans une partie motrice de leur cerveau. A l’inverse, ils se sentent empêchés de se mouvoir lorsqu’on leur apprend que l’installation est défaillante. 

 

  • La relation de confiance avec le professionnel de santé

 

Comme avec l’effet placebo, une grande partie du raisonnement est attribuée à une relation de mauvaise qualité avec le médecin. L’insuffisance de cette relation influerait sur la croyance de l’efficacité de la prise en charge / dudit traitement. En ce sens, l’effet du placebo étant positif, peut être attribué aux dires et prouesses avancées par le médecin. Le patient à confiance en son médecin qui lui détaille en quoi ce médicament est parfaitement adapté à sa pathologie. C’est la croyance en le professionnel et l’environnement (atmosphère sécurisante et paroles bienveillantes) qui détermine l’efficacité du placebo. 

 

Avec l’effet nocebo, le pendant négatif voir délétère du placebo fait développer  les mêmes effets secondaires que l’aurait fait le vrai produit. De nombreuses expériences démontrent le poids de la relation thérapeutique négative mais aussi l’environnement lui-même, c’est-à-dire la couleur, la forme et la taille du médicament et plus spécifiquement le discours afférent à l’ingestion du médicament et toute sa réputation. 

 

Certains thérapeutes tels que le psychologue Ludovic Gadeau évoquent le fait que l’effet nocebo soit “le résultat d’une angoisse et d’une colère qui s’insinuent dans la relation thérapeutique.”

 

Mais à quel point, le psychique voir l’émotionnel est-il capable d’influer sur notre capacité à nous auto-guérir ? 

 

https://dune.univ-angers.fr/fichiers/20132711/2022PPHA15354/fichier/15354F.pdf

https://www.ipubli.inserm.fr/bitstream/handle/10608/5479/MS_2005_3_315.pdf 

https://www-cairn-info.scd-rproxy.u-strasbg.fr/la-sante–9782912601933-page-82.htm 

https://ludovicgadeau-psychotherapie.com/leffet-nocebo-definition-et-fonctionnement/

A propos de Line Hinderer