Le Parlement européen a adopté une directive visant à transformer le secteur immobilier d’ici 2050. Espérons que le nouvel objectif ambitieux de neutralité carbone deviendra plus qu’une vague déclaration lors de futures conférences sur le climat. Aujourd’hui, il s’agit de 40% de la consommation énergétique de l’UE.
Mise en place de mesures
La directive implique des mesures drastiques. À partir de 2028, tous les nouveaux bâtiments publics devront être à zéro émission. Ce chiffre sera étendu à 2030. En ce qui concerne les bâtiments déjà existants, la directive prévoit la rénovation de 15% des moins performants d’ici 2030. En outre, il existe un certain nombre d’objectifs immédiats, notamment une réduction de 55% des émissions d’ici 2030, 80% d’ici 2040 et enfin : neutralité en 2050.
Création d’emplois
L’implémentation de la directive exigera également de la main-d’œuvre hautement qualifiée. Les spécialistes estiment que d’ici 2030, 170 000 travailleurs supplémentaires dans le bâtiment et la rénovation énergétique seront nécessaires. En conséquence, des programmes de formation supplémentaires devront être rapidement établis.
Un objectif incertain
L’une des questions qui se posent est celle du financement d’une telle transition colossale. L’UE investit en moyenne 764 milliards d’euros par an, et la Commission européenne estime qu’il manque 477 milliards d’euros d’investissements verts par an pour atteindre l’objectif de 2030, pour un total de 1 241 milliards d’euros, soit 7,8 % du budget de l’UE. En conséquence, l’UE fournit des ressources considérables, notamment par le biais de la Banque européenne d’investissement et du plan Next Generation EU.
Compte tenu de l’ampleur des investissements requis, les fonds publics sont insuffisants et l’intervention du secteur privé est essentielle. Plusieurs obstacles freinent la rapidité des rénovations tel que le fractionnement des incitations montrant un souci d’alignement des avantages et des coûts entre deux parties.
Un défi sur le long terme
Certains pays disent que le coût de cette action pour le citoyen européen est trop élevé. Il existe également des préoccupations quant à l’aspect social et économique de cette mesure. Les pays de l’Union européenne ont 18 à 20 mois pour adopter leur propre législation, ce qui est considéré trop serré par beaucoup d’observateurs. Malgré ces difficultés, cette mesure peut stimuler l’innovation technologique tout en réduisant la dépendance européenne à l’égard de ses ressources énergétiques. Il s’agit d’un changement sans précédent dans la politique environnementale de l’UE et pourrait être une leçon pour beaucoup d’autres.
Pour plus d’informations, cliquez ici:
[1] Commission européenne, « Directive (UE) 2024/1275 sur la performance énergétique des bâtiments », 2024. https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=OJ:L_202401275
[2] Agence internationale de l’énergie, « Energy Efficiency 2023 », 2023. https://www.iea.org/energy-system/energy-efficiency-and-demand/energy-efficiency
[3] Tackling barriers to financing building renovation: an overview of selected EU initiatives 2024.https://build-up.ec.europa.eu/en/home?gad_source=1&gclid=Cj0KCQjwmt24BhDPARIsAJFYKk3BAR5EmhYFR8svRcptpfn8oW_UO6V7_RH8McVvUWdFtEwZKCst5CQaArTSEALw_wcB
[4] EurActiv, « EU agrees ‘historic’ deal to cut energy use in buildings », 2024.https://build-up.ec.europa.eu/en/resources-and-tools/articles/eu-initiatives-financing-building-renovation