Le dessalement de l’eau de mer : une solution prometteuse afin de lutter contre la crise de l’eau potable dans le monde

Selon l’UNICEF, près de 2,1 milliards de personnes n’ont pas accès à de l’eau potable et ce chiffre sera amené à augmenter dans les années à venir. Afin de lutter contre cette réalité, plusieurs pays dans le monde ont opté pour une solution qui peut être qualifiée de prometteuse : le dessalement de l’eau de mer. Les méthodes de désalinisation présentent de nombreux avantages mais également des inconvénients qui ne peuvent être négligés. Ce faisant, des progrès techniques doivent impérativement être réalisés afin de rendre ces procédés plus avantageux, plus compétitifs et surtout, afin de lutter contre la crise de l’eau sur Terre.

 

La désalinisation de l’eau de mer : rendre l’eau salée potable

Selon le World Resources Institute, « le monde fait face à une crise de l’eau sans précédent ». Réchauffement climatique, population qui augmente, assèchement des nappes phréatiques, sécheresses intenses, industrialisation, répartition inégale de l’eau sur Terre sont les principaux facteurs qui expliquent la raréfaction des ressources en eau potable, ainsi que la multiplication des périodes de stress hydrique partout à travers le monde.

Dans la mesure où les deux tiers de la Terre sont recouverts par des océans, de nombreux pays ont choisi de transformer l’eau de mer en eau douce grâce au procédé de dessalement de l’eau salée. En effet, c’est l’option choisie par l’Arabie Saoudite, les Etats-Unis, les Emirats arabes unis, l’Espagne, la Syrie, la Tunisie et le Koweït par exemple.

Aujourd’hui, nous pouvons compter pas moins de 15 988 usines de dessalement dans le monde dont l’une d’entre elle, la plus grande d’Europe, se trouve en Espagne, près de Barcelone.

Six techniques de désalinisation peuvent être utilisées : l’électrodialyse, l’ultrafiltration, la nanofiltration, l’échange d’ions mais surtout, l’OI (« osmose inverse ») et la distillation qui sont les deux techniques les plus couramment pratiquées (ce sont ces deux méthodes de dessalement sur lesquelles j’ai choisi de me focaliser).

D’abord, la méthode dite de « distillation » consiste à évaporer l’eau de mer (par le biais de la chaleur des rayons du soleil ou via une chaudière) afin de récupérer, grâce au processus de condensation, la vapeur d’eau pour obtenir de l’eau douce débarrassée du sel et des autres substances contenues dans l’eau salée.

Puis, la méthode dite de l’« OI » consiste, dans un premier temps, à filtrer et à désinfecter l’eau de mer pour ensuite soumettre cette eau salée à une forte pression pour la faire traverser une membrane semi-perméable afin que seules les particules d’eau douce puissent être récupérées.

A l’instar de tous les procédés techniques, ces deux méthodes comportent des avantages mais également des inconvénients qui ne peuvent être négligés, nous obligeant, par conséquent, à améliorer ces techniques de dessalement pour pouvoir exploiter leur plein potentiel.

 

Les avantages de l’osmose inverse et de la distillation

Si la technique dite de l’OI est la plus couramment utilisée afin de dessaliniser l’eau de mer, cela s’explique par le fait qu’elle constitue un procédé relativement simple, efficace et fiable. En effet, grâce à l’OI, 99% des bactéries et des contaminants présents dans l’eau de mer, tels que par exemple, les herbicides, les insecticides, les pesticides, etc., sont extraits.

Il n’en demeure pas moins que la distillation de l’eau de mer est encore régulièrement utilisée en raison de sa simplicité. En effet, lorsque l’eau de mer est soumise à une température de plus de 100°C, la vapeur qui s’en échappe, qui est par la suite liquéfiée, est débarrassée de la totalité des bactéries.

 

Les inconvénients de la désalinisation et leurs solutions

Pour le moment, le procédé de dessalement de l’eau de mer, quelle que soit la technique utilisée, comporte deux inconvénients majeurs.

Le premier est relatif à son coût. En effet, le processus de dessalement est gourmand en énergie. Par exemple, la technique consistant à distiller l’eau de mer requiert entre 7 et 27,3 kilowatts-heure pour 1m3 d’eau contre 2,5 et 3 kilowatts-heure s’agissant de l’OI. Ce faisant, quelle que soit la technique empruntée, le coût énergétique et donc, le coût global de ces méthodes ne peut être négligé et doit être repensée afin que le secteur du dessalement de l’eau soit plus compétitif.

Le second problème, majeur, que constitue la désalinisation de l’eau de mer est relatif aux déchets et particulièrement aux rejets de saumure. L’eau dite « saumâtre » est une eau rejetée par les usines de désalinisation caractérisée par trois facteurs qui posent un problème environnemental conséquent. D’une part, cette eau contient une grande quantité de sel. Ensuite, la saumure est à une température bien plus élevée que celle de l’océan. Enfin, cette eau présente des traces de produits chimiques tels que l’anti-tartre, l’anti-mousse et l’anti-chlore par exemple. La combinaison de ces trois caractéristiques de la saumure altère et perturbe considérablement le milieu marin et son écosystème (faune et flore).

Puisque la désalinisation de l’eau de mer est sans aucun doute une solution prometteuse afin de lutter contre la crise de l’eau, il est impératif de réaliser des progrès quant aux méthodes employées. Ils sont indispensables, d’une part, afin d’assurer la durabilité des sources d’eau potable et, d’autre part, afin d’éviter (ou, à défaut, de réduire) les impacts néfastes du dessalement de l’eau sur l’environnement.

D’abord, des progrès techniques doivent être réalisés s’agissant des membranes servant à filtrer l’eau de mer. Elles doivent en effet être plus performantes pour ne récupérer que de l’eau non salée et sans bactérie. Cela permettrait de réduire la quantité des produits chimiques (contenus dans la saumure) rejetés dans l’environnement.

Ensuite, la saumure peut être réutilisée (une fois débarrassée des produits chimiques qu’elle contient) en algoculture afin d’irriguer les algues spirulines, très résistantes au sel.

Enfin, la saumure est chargée en magnésium, en chlorure de sodium, en calcium, en potassium, en chlore, en lithium, etc. Ce faisant, toutes ces composantes peuvent être utilisées afin de produire de l’électricité.

 

Sources :

2,1 milliards de personnes n’ont pas accès à l’eau potable salubre | UNICEF France

Eau potable : dessalement de eau de mer (cnrs.fr)

Dessalement d’eau : consommation d’énergie, procédés, pays producteurs (connaissancedesenergies.org)

Dessalement de l’eau de mer | Veolia

Désalinisation d’eau de mer | Alfa Laval

Le dessalement de l’eau de mer et des eaux saumâtres | CultureSciences-Chimie (ens.fr)

Dessaler l’eau de mer : fausse solution, vraie catastrophe écologique (reporterre.net)

Europlus | Filtration de l’eau par osmose inverse

 

 

A propos de Emma FOURSIN