You are currently viewing La biomasse, une énergie alternative à ne pas négliger ?

Les éoliennes, les panneaux photovoltaïques, ou encore l’énergie hydraulique, sont souvent les premiers éléments qui nous viennent à l’esprit lorsque l’on évoque les énergies renouvelables. La biomasse est souvent oubliée, alors qu’elle représente la plus grande part d’énergie renouvelable en France, à hauteur de 55%[1]. Mais cela est dû principalement à l’utilisation du bois pour la production de chaleur, alors que le reste de la biomasse est encore trop sous-valorisé. Cette part de la biomasse a un fort potentiel et son déploiement pourrait en faire une énergie alternative de poids. Qui plus est, elle participe à l’économie circulaire en revalorisant les déchets. 

Une ressource hétéroclite, en passant du bois-énergie aux boues de stations d’épuration

Le bois est une des ressources les plus anciennes, utilisée principalement pour créer de la chaleur. C’est ainsi une des premières énergie renouvelable au monde. La combustion permet, à échelle résidentiel (cheminées à bois, granulés) ou collective (chaufferies biomasse), de transformer le bois en chaleur. 

Depuis, d’autres filières biomasse se sont créées, en revalorisant des déchets de différentes sources. On récupère les déchets agricoles, composés de fumiers et lisiers d’animaux, et des résidus des récoltes. Ensuite, on peut récupérer les déchets agroalimentaires, et provenant de l’industrie. Par exemple, une entreprise produisant du papier produit comme déchet de la pâte à papier, qui peut être utilisée comme ressource à transformer en énergie. Enfin, on retrouve les déchets urbains, notamment avec les boues d’épuration et le compost.

Les déchets ne vont pas être traités de la même façon que le bois, car ils n’ont pas les mêmes propriétés. Ils vont être transformés en énergie par le biais de la méthanisation [2],ou encore de gazéification. Par exemple, des usines de méthanisation dites « à la ferme » vont être créées à l’initiative d’un agriculteur ou d’un ensemble d’agriculteurs pour traiter sur place les déchets agricoles. Le choix de la technologie prend compte des spécificités des déchets, car par exemple, les déchets liquides ne sont pas des ressources adaptées pour le processus de méthanisation. Il faudra donc avoir recours à d’autres méthodes. L’innovation joue un rôle clé pour le développement des technologies permettant de traiter les déchets qui sont pas ou peu valorisés à l’heure actuelle. 

Grâce à ces procédés, la biomasse a de nombreuses utilisations : 

  • Chaleur
  • Électricité
  • Biogaz
  • Biocarburants (bio essence, biogazole, etc.)
  • Digestat (partie organique résultant de la méthanisation, qui est utilisé en tant que fertilisant organique)
  • Matériaux (béton organique, etc.)

Les limites de la biomasse

Force est de constater que la production de chaleur ne peut se faire sans une gestion durable du bois. Les bois, puits de carbone et protecteurs de la biodiversité, se renouvèlent lentement, à l’échelle d’une vie. Il y a un véritable risque d’utilisation à outrance de ressources en bois et d’importations de pays étrangers.

De même, un débat sanitaire a lieu autour de la combustion de bois. Un collectif de professionnels de santé remet en question la biomasse comme énergie « propre »[3], en déclarant que les fumées dégagées par les centrales biomasse sont mauvaises pour la santé en raison de la pollution de l’air. 

Concernant les déchets, l’acceptabilité des populations peut poser problème. En effet, les usines de méthanisation peuvent causer de mauvaises odeurs, qui deviennent des nuisances olfactives pour les personnes habitant à proximité. 

La transformation des déchets en biomasse a un rendement inférieur par rapport à d’autres énergies renouvelables. Cependant, sont mises en place des usines de cogénération qui permettent de produire simultanément de l’électricité et de la chaleur, créant ainsi une meilleure efficacité.

Enfin, la biomasse pose une véritable question de la gestion des sols. Une terre allouée à la production d’énergie ne le sera pas pour l’alimentation. Les biocarburants de première génération ont été accusés d’être la cause de la crise alimentaire de 2007-2008, car ils étaient produits à partir de denrées destinées à l’alimentation (betterave, colza, blé, etc.).

Les principaux avantages de la biomasse

Les biodéchets sont une ressource illimitée dans le temps. Mais ils ne sont pas autant utilisés que la filière bois-énergie. Pourtant, l’activité humaine génère une quantité importante de biodéchets qui peuvent être valorisés en énergie. Cette valorisation permettrait de participer à l’économie circulaire, et de mettre en place une véritable bioéconomie. Les biodéchets peuvent alors être un levier pour atteindre l’objectif de neutralité carbone de 2050, initié par l’Union Européenne. À l’échelle nationale, la « Stratégie Nationale Bas Carbone » met l’accent sur l’augmentation de l’utilisation des biodéchets pour croître la part de production d’énergie renouvelable dans le mix énergétique.

De même, c’est une ressource stockable. Elle peut être mobilisée en cas de besoin, ce qui en fait une ressource alternative pertinente. Alors que le manque de vent, de soleil, ou d’eau peut mettre en mal les éoliennes, panneaux photovoltaïques ou l’énergie hydraulique, les déchets sont toujours présents et peuvent être utilisés pour être transformés en énergie.

La filière biomasse est en plein essor et permet de créer des emplois localement . Elle permet ainsi de favoriser l’emploi en milieu rural, mais aussi de diversifier les activités et revenus des agriculteurs. En effet, une usine de méthanisation est en moyenne « créatrice de 3 à 4 emplois directs, liés aux activités d’exploitation et de maintenance » [4]. Elle installe une véritable dynamique des territoires avec nombre d’acteurs.

Avec sa production de biogaz et de biocarburants, la biomasse permet de réduire la dépendance aux énergies fossiles [5], notamment le gaz russe. 

Enfin, la biomasse-énergie est neutre en carbone (à discuter pour la filière bois). Il est important de rappeler que la transition énergétique vers des modes de consommation décarbonés est essentiel, mais tout autant que la réduction de la consommation en énergie.

[1] ecologie.gouv.fr

[2] ADEME

[3] France3 régions

[4] MéthaFrance

[5] agriculture.gouv.fr