You are currently viewing Le changement climatique : des influences réciproques et un rapport au territoire à repenser (partie 2/2)
Eco-quartier Vauban à Fribourg en Allemagne (Source : https://visit.freiburg.de/fr/attractions/quartier-vauban)

« La crise de l’environnement nous prouve que la façon dont les hommes occupent et utilisent le lieu de leur habitat – la Terre – est sérieusement inadéquate » [1]. En 1971, Barry Commoner nous alerte sur la nécessité de repenser le rapport au territoire, non seulement d’un point de vue écologique mais aussi social et d’envisager des politiques territoriales durables.

La résilience territoriale, ou comment repenser l’aménagement du territoire au prisme des grands enjeux environnementaux et sociaux

Selon Nicolas Beaurez, directeur de projet « résilience des territoires » au Cerema, « un territoire résilient peut être défini comme ayant la capacité à anticiper, à réagir et à s’adapter pour se développer durablement quelles que soient les perturbations auxquelles il doit faire face ». [2]

Pour allier respect de la biodiversité, besoins sociaux et mutation des populations, les pouvoirs publics doivent faire mieux avec moins. Il est question de repenser l’espace urbain de manière plus durable pour s’adapter et atténuer les effets du changement climatique au niveau local.

Repenser la ville : ville durable, ville résiliente ?

 De la prise en compte de la biodiversité…

(Re)introduire la nature en ville permet de restaurer des écosystèmes naturels ou modifiés, de protéger et gérer de manière plus durable un territoire tout en assurant le bien être humain et en produisant des bénéfices pour la biodiversité. De nombreuses « solutions fondées sur la nature » [3] permettent de lutter contre les inondations, contre l’artificialisation et l’imperméabilisation des sols, de prévenir les îlots de chaleur urbain [4], etc. On peut citer par exemple : la restauration des zones humides pour réguler les inondations, la végétalisation des villes pour favoriser l’infiltration des eaux de pluie, l’aménagement de zones d’expansion des crues pour permettre au cours d’eau de déborder, etc.

En parallèle, la mise en œuvre du dispositif « Trame verte et bleue » [5], réseau formé de continuités écologiques terrestres et aquatiques, qui comprennent des réservoirs de biodiversité reliés par des corridors écologiques, vise à réduire la fragmentation des milieux, à stopper l’artificialisation du territoire et à préserver la biodiversité, autant « commune » que remarquable pour développer un maillage écologique sur l’ensemble du territoire. [6]

… en passant par la reconfiguration des villes.

Repenser la manière de faire la ville peut se traduire par l’utilisation de matériaux de construction plus durables capables de résister à des évènements climatiques extrêmes ou aux modifications climatiques pérennes (routes, ponts, bâtiments), par la multiplication des points d’eau, etc. Finalement, dans un monde largement urbanisé, l’objectif est de tendre vers une urbanisation plus responsable et soucieuse des préoccupations environnementales et sociales [7].

L’exemple des éco-quartiers :

Aménager le territoire en favorisant le vivre-ensemble tout en diminuant l’empreinte carbone : tel est le défi que se sont lancés de nombreux « éco-quartiers ».  Les deux éco-quartiers de Rieselfeld et Vauban, situés à Fribourg-en-Brisgau, en Allemagne, sont les plus connus et les plus grands d’Europe et sont présentés comme écologiquement exemplaires : développement important d’énergies renouvelables (maisons passives, bâtiments à basse consommation énergétique, système de canalisation performant qui distribue l’eau dans le quartier, des citernes permettant de récupérer l’eau de pluie réutilisée pour les usages du quotidien des habitants), prise en considération de la biodiversité via des continuités écologiques, développement des mobilités douces, participation des habitants pour penser un cadre de vie répondant aux grands enjeux environnementaux et sociaux etc.

Finalement, la résilience territoriale peut apparaître comme une opportunité pour les territoires : relocalisation des activités, création de nouveaux emplois, amélioration du bien-être des habitants, de leur mode de vie.

 

Pour aller plus loin :

 

[1] Veron, J. (2013). Démocratie et écologie. Repères. 128 p.

[2] Source : https://www.teddif.org/ressources/resilience-territoriale

[3] Concept défini selon l’IUCN. Les solutions fondées sur la nature englobent notamment les techniques d’ingénierie écologique et de génie végétal. Le génie végétal correspond à l’ensemble des techniques utilisant les végétaux (« végétalisation ») et leurs propriétés mécaniques et/ ou biologiques, pour le contrôle, la stabilisation et la gestion des sols érodés, la restauration, la réhabilitation ou la renaturation des milieux dégradés, la dépollution des sols et des eaux (phytotechnologies).

[4] En absorbant le rayonnement solaire, le bâti et le macadam emmagasinent l’énergie thermique, ce qui forme ces îlots. Planter plus d’arbres permet alors plus de fraîcheur en ville ; cela s’inscrit dans le cadre du Plan Canopée des villes.

[5] Dispositif introduit dans la loi Grenelle de 2009.

[6] La TVB est identifiée par les Schémas régionaux de cohérence écologique et par les documents de planification de l’Etat, des collectivités territoriales et de leurs groupements. 

[7]  La loi climat et résilience d’août 2021 prévoit un objectif à 2050 de « zéro artificialisation nette » des sols.

A propos de Anna FIEGEL