You are currently viewing Etat, Science, Innovation et liberté d’entreprendre : quelle est la place du principe de précaution face à cette hydre à plusieurs têtes ?
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   Depuis un siècle, l’espèce humaine a exploité jusqu’à la raréfaction des « ressources » constituées au cours de millions d’années d’histoire terrestre et produit de déchets qui commencent à raréfier d’autres espèces.
L’espèce humaine a-t-elle fait assez attention aux conséquences de ses activités générées par sa capacité d’innovation et de développement ?

   Il a fallu un certain nombre de catastrophes sanitaires et environnementales pour que les pouvoirs publics soient contraints à reconnaître le bien fondé d’un principe de précaution.
Ce principe se borne finalement a affirmer qu’il n’est pas nécessaire, pour prendre en compte un risque grave et / ou irréversible pour la santé ou l’environnement, que ce risque soit « scientifiquement prouvé. Autrement dit : en cas de doute, faire attention.
Mais le principe de précaution est bien loin d’avoir réhabilité le doute et l’art de faire attention si l’on considère les protestations des industriels alliés à certains experts scientifiques.

Qui juge de la valeur d’une innovation industrielle ?

   Par ailleurs l’évaluation des risques porte essentiellement sur la santé et l’environnement mais peu sur les conséquences socioéconomiques et sociales.

Qui définit la proportionnalité des mesures prenant en compte le risque ?

   Ce que met en scène la proportion est avant tout le souci du dommage que vont entraîner les mesures à ceux qui bénéficient du droit sacré d’entreprendre, d’innover, de mettre sur le marché, de faire circuler …

Le risque est-il le prix du progrès et de la liberté d’entreprendre ?

   Les entrepreneurs doivent apprendre à ce que les conséquences possibles de leurs activités les mettent eux-mêmes en risque.
L’entrepreneur peut compter sur un Etat qui reconnaît la légitimité de son exigence en minorant le risque de l’innovation sans avoir à répondre aux conséquences de ce qui est mis sur le marché, sauf si celles-ci contreviennent à un interdit explicite formulé par l’État, scientifiquement motivé et répondant à l’impératif de proportionnalité.

La « Science » est un arbitre toléré pour l’entrepreneur quant à son droit d’innover tout en reconnaissant à l’État le pouvoir d’interdiction ?

   C’est là qu’intervient le pouvoir des « experts » dont l’objectivité n’est pas celle des chercheurs et dont la pondération sert parfois à légitimer l’innovation qui a investi et a servi le pouvoir qui encourage le marché vers le « progrès » et ses retombées financières.

Que peut le principe de précaution face à cette hydre qui agite les vérités de l’État, de la science, de la notion de progrès dont les autonomies respectives sont illusoires ?

Face à cette question complexe savoir douter et réapprendre l’art de faire attention est un enjeu crucial car vital.

 

Références :

-Au temps des catastrophes. Résister à la barbarie qui vient. Isabelle Stengers. Editions la Découverte. 2009. 2013.

A propos de Victor AUPETIT