Sur la planète bleue, où l’eau couvre environ 70 % de la surface, manquer d’eau semble paradoxal. Pourtant, cette rareté s’explique aisément : 95 % de l’eau terrestre est salée et impropre à la consommation directe. Alors que l’eau douce devient de plus en plus rare dans certaines régions du monde, ces dernières se tournent vers une solution complexe et coûteuse : le dessalement de l’eau de mer.
Une Technique Essentielle, mais Énergivore
Deux principales techniques permettent de dessaler l’eau : la distillation et l’osmose inverse. La distillation consiste à chauffer l’eau de mer pour en condenser la vapeur, tandis que l’osmose inverse utilise des membranes percées de nanopores pour filtrer l’eau, en retenant les sels et autres minéraux. Cette dernière est la plus répandue aujourd’hui, en raison de son efficacité, mais elle nécessite une forte pression, donc beaucoup d’énergie. Produire un mètre cube d’eau potable par osmose inverse demande environ 3 kWh, soit dix fois plus que pour traiter une eau souterraine ou superficielle. Le coût de fonctionnement des usines reste élevé, rendant l’accès à cette technologie difficile pour de nombreux pays en développement.
Dans le contexte mondial actuel, où la transition énergétique est une priorité, cette forte demande énergétique soulève des questions. De plus, seulement une infime proportion des usines de dessalement fonctionnent à partir d’énergies renouvelables, rendant cette solution encore plus dépendante des énergies fossiles.
Des Conséquences Environnementales
Le dessalement n’est pas seulement coûteux en énergie, il a également un impact environnemental significatif. Les usines rejettent de grandes quantités de saumure, une eau très salée et chaude, souvent chargée de produits chimiques. Ces rejets perturbent les écosystèmes marins, mettant en danger la faune et la flore locales. À long terme, cette pollution peut aussi affecter les communautés côtières qui dépendent directement de la mer pour leur subsistance.
Diversifier les Solutions
Si le dessalement est une réponse à la crise de l’eau, il n’est pas une solution miracle. Le développement de technologies plus durables est essentiel. Par exemple, la réutilisation des eaux usées traitées (REUT) offre une alternative prometteuse. Elle consomme moins d’énergie, est plus respectueuse de l’environnement et peut répondre à une partie des besoins en eau douce, notamment pour l’agriculture ou l’industrie. La gestion intelligente de la demande en eau, via l’éducation et l’adoption de pratiques plus économes, est également cruciale pour un avenir durable.
Le dessalement d’eau de mer illustre les défis complexes de la gestion de l’eau à l’échelle mondiale : répondre à une demande croissante tout en limitant les impacts environnementaux et énergétiques. Si cette technologie reste indispensable dans certaines régions, elle doit s’accompagner de solutions complémentaires et d’investissements dans des alternatives durables. Le défi est immense, mais il en va de notre capacité à vivre durablement sur une planète où l’eau, bien que majoritaire, reste une ressource précieuse et limitée.
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