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Le photovoltaïque en quête d’espace: les fermes solaires flottantes (Eaux intérieures)

 

Les terres disponibles étant de plus en plus rares, les grands espaces agricoles étant prioritairement réservés à la production de denrées, le photovoltaïque peine à trouver des terres d’accueil. La filière a donc dû faire preuve d’imagination pour palier la rareté des zones d’accueil. 

Ainsi, dans les années 2000 est née la technologie du photovoltaïque flottant. Elle consiste à déployer des panneaux photovoltaïques sur des surfaces d’eau douce. 

Cette technologie a connu un essor important à partir de 2015, sous l’impulsion des pays d’Extrême-Orient, notamment la République de Corée, pionnière de la technologie.  

De rare et modeste à ses débuts, la technologie du photovoltaïque flottant s’est développée jusqu’à faire naître des installations gigantesques, comme la ferme solaire flottante de Dezhou, en Chine, qui couvre 120 hectares. En France, le plus grand parc solaire flottant en fonctionnement est situé dans la région d’Aix-en-Provence et couvre 12,7 hectares ; et un projet de 127 hectares est en train de voir le jour dans la Haute-Marne, il devrait être opérationnel pour la fin d’année 2023 et permettra de produire l’équivalent de la consommation annuelle de 26 000 foyers.  

Avantages de cette technologie :

  • Permet de poursuivre différemment l’exploitation d’un site industriel qui ne l’était plus (exemple: une carrière) ou d’exploiter un réservoir d’eau qui ne l’était pas, sans piquer des surfaces à l’agriculture. 
  • Sur l’eau, les panneaux solaires sont plus performants car ils ont un meilleur refroidissement que les panneaux au sol, et donc un meilleur rendement. 
  • La surface de l’eau étant plane, il est plus facile de rapprocher les panneaux afin de maximiser  l’utilisation de l’espace et de les orienter vers le Sud. 

Cependant, quelques inconvénients liés au milieu apparaissent, tels que:

  • Les dégradations de câbles par les ragondins ;
  • Les excréments d’oiseaux affectionnant les retenues d’eau qui viennent couvrir les panneaux photovoltaïques et diminuer ainsi la production d’énergie ;
  • La houle qui peut entrainer une usure prématurée du réseau de câbles ;
  • Le coût de l’installation qui est plus onéreux que les installations sur terre ;

En enfin, quid de la durabilité des flotteurs en plastique qui supportent les centrales photovoltaïques flottantes ? 

L’installation d’une ferme solaire flottante doit répondre à des contraintes environnementales liées au milieu aquatique en plus de celles qui touchent à la faune et à la flore terrestres et aux oiseaux. Nonobstant quoi, ce type d’installation comporte des avantages écologiques. En effet, l’Institut coréen de politique et d’évaluation de l’environnement (KEI) a, dans plusieurs rapports, mis en avant que les fermes solaires flottantes sont favorables au frai des poissons et à la végétation aquatique. De surcroit, l’étude « Effects of a Floating Photovoltaic System on the Water Evaporation Rate in the Passaúna Reservoir, Brazil » a démontré que ces installations permettent de limiter grandement l’évaporation de l’eau des réservoirs qui les accueillent. Concernant le lac Passaúna, l’installation photovoltaïque flottante a permis de réduire le taux d’évaporation de 60% sur le périmètre couvert. Ce taux étant différent selon le milieu. 

Les scientifiques s’accordent à dire que le taux d’évaporation empêchée est environ proportionnel au taux de recouvrement de l’eau de l’installation.

Ce dernier point n’est pas négligeable dans un contexte de manque d’eau à l’échelle planétaire. 

Enfin, comme pour les installations photovoltaïques terrestres, les installations sur l’eau se font moyennant location de l’espace aquatique et une compensation. 

 

Sources :

A propos de Aymeric INARD