You are currently viewing Crise énergétique en Europe :  le rôle incertain des pipelines Nord Stream
Un gazoduc, Source: Pixabay

La crise énergétique en Europe, déclenchée par la guerre en Ukraine et l’arrêt brutal des importations de gaz russe, continue de peser sur l’industrie et sur les ménages. Pourtant, malgré l’opposition officielle de Berlin et de Bruxelles, l’hypothèse d’une réouverture partielle des gazoducs Nord Stream refait surface dans le cadre de discussions diplomatiques entre Washington et Moscou.

 

Un signal venu de l’industrie

En mars 2025, le directeur général de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, a estimé publiquement que « deux des quatre conduites pourraient revenir en service », soulignant que l’industrie européenne ne peut rester compétitive face au coût élevé du gaz naturel liquéfié (GNL). Ses propos confirment une réalité souvent passée sous silence : le gaz russe livré par gazoduc reste bien moins onéreux que le GNL américain, dont le prix est gonflé par les étapes coûteuses de liquéfaction, de transport et de regazéification.

Cette option, jugée « inacceptable » par le gouvernement allemand actuel, n’en demeure pas moins évoquée par certains responsables de la CDU, formation pressentie pour diriger le pays. Dans cette perspective, la réouverture partielle de Nord Stream pourrait constituer une soupape économique pour les industries allemandes en difficulté, tout en réduisant la pression inflationniste qui fragilise l’ensemble de l’économie européenne.

 

Un argument écologique inattendu

L’argument écologique s’invite également dans le débat. Plusieurs études récentes révèlent que le GNL importé, en particulier lorsqu’il est issu du gaz de schiste américain, présente un bilan carbone nettement plus lourd qu’on ne le croyait. Selon une recherche publiée en 2024 dans Energy Science & Engineering, le GNL peut être jusqu’à 33 % plus émetteur que le charbon lorsqu’on prend en compte l’ensemble du cycle de production, notamment les fuites de méthane. Une autre analyse, menée par Transport & Environment, montre que les importations européennes de GNL s’avèrent 30 % plus polluantes que les hypothèses retenues dans la législation de l’UE.

Ainsi, le transport par pipeline, bien qu’imparfait et politiquement sensible, apparaît paradoxalement comme une solution temporaire plus soutenable que le recours massif au GNL.

 

Conclusion : entre pragmatisme et politique

Si l’Europe souhaite conjuguer compétitivité économique et responsabilité climatique, une réouverture contrôlée de Nord Stream, dans un cadre politique redéfini après la guerre, ne saurait être écartée. La décision, toutefois, restera éminemment géopolitique : accepter de rouvrir la porte au gaz russe exigerait de lier énergie, diplomatie et sécurité. Mais dans un continent en quête d’alternatives crédibles, la tentation d’un retour partiel de Nord Stream pourrait bien s’imposer dans les négociations à venir.

 

Pour en savoir plus :

LNG imports are a lot dirtier than previously thought, and little better than heavy fuel oil – Prometheus Institute

bne IntelliNews – Russia, US discussing restarting Nord Stream gas deliveries to Europe

Germany moves to block any attempts to restart Nord Stream

Germany debates proposal to re-open Nord Stream pipelines – DW – 03/27/2025

TotalEnergies CEO Not Ruling Out Return of Nord Stream Gas Pipelines | OilPrice.com

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