Le 24 octobre 2022, Imerys, l’entreprise française d’extraction métaux, a annoncé l’ouverture prochaine de la plus grande mine de lithium d’Europe. « L’extraction du lithium, prévue pour 2028, devrait permettre de fournir 700 000 batteries aux futures voitures électriques 100 % made in France, et créer 1 000 emplois directs et indirects, selon l’entreprise[1] ».
Le projet baptisé « Emili » pour « Exploitation de Mica Lithifère par Imerys », implanté sur le site d’Imerys de Beauvoir à Echassières dans l’Allier, malgré le fait qu’il représente une « mine d’or » pour les batteries européennes, présente de nombreux risques pour la santé humaine et l’environnement.
Certains de ces risques découlent de l’activité traditionnelle de l’extraction du lithium, tandis que d’autres découlent du secteur où Imerys souhaite explorer le sous-sol pour y extraire du lithium.
Les risques sanitaires traditionnels de l’extraction du lithium :
L’extraction du lithium peut découler de deux processus différents : : les saumures de lithium et l’exploitation minière en roche dure. De chacun de ces processus peuvent découler des risques sanitaires, ici nous nous concentrerons sur les risques découlant de l’extraction du lithium à partir de roche dure.
Un risque sanitaire important découle de la poussière produite lors de l’extraction et du raffinage du lithium. Une grande quantité de poussières est produite à partir des explosions pour désagréger la roche mère et les machines qui broient la roche. Ces poussières, étant extrêmement volatiles, finissent par être respirées par les animaux et les humains à proximité, pouvant causer des irritations et des problèmes respiratoires.
Par ailleurs, ces poussières peuvent être contaminées par des matières qui y avaient été enfermées depuis des millions d’années dans la roche.
Un autre risque découle des résidus et des produits chimiques utilisés. En effet, lorsque le lithium est extrait à partir de minerais, il ne représente qu’un faible pourcentage de la roche, ainsi lors de son raffinage de grandes quantités de résidus de minerais sont collectés, mais finissent souvent par être éparpillés par la pluie et donc dans les terres et dans les cours d’eau. Seulement, ces résidus ont été en contact avec de nombreux produits chimiques, lors du raffinage du lithium, ce qui présente un risque élevé de contamination de l’eau et des terres agricoles.
Les risques sanitaires particuliers découlant du site du projet « EMILI » :
L’entreprise Imerys a prévu d’extraire du lithium dans l’Allier, qui est un département qui, historiquement, a déjà abrité des mines.
En 2018, le bureau d’expertise public spécialisé dans l’après-mine, « Geoderis », a publié une « Etude sanitaire et environnementale. Secteurs des Montmins et de Nades (03) », qui évalue son environnement et notamment la qualité des sols et sous-sols.
Il ressort de cette étude, que les sous-sols du département, en particulier les secteurs où Imerys a commencé son exploration, sont classés « E », ce qui correspond au niveau le plus haut de pollution minière. Cette pollution est notamment due aux niveaux élevés d’arsenic, de plomb, de tungstène, etc. ; ce qui correspond à une grande pollution au métaux lourds.
Certaines zones concentrent « plus de sept fois le seuil de risque prévu par la Haute autorité de santé (HAS). Au-delà des limites fixées, l’institution recommande « aux médecins de prescrire un dépistage ». Outre le cancer de la peau, « l’exposition prolongée » à l’arsenic peut « provoquer des cancers de la vessie et des poumons », selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS)[2]. »
Le risque, en ouvrant une mine par-dessus une ancienne mine, est que tous ces métaux lourds terminent dans les eaux et dans l’air, ce qui exposeraient la population et les mineurs à ces métaux lourds. Cela pourrait conduire à des intoxications aux métaux lourds avec des symptômes cardiaques, nerveux, neurologiques ORL ; ainsi que des maladies comme le diabète, le cancer de la peau et du poumon, des problèmes rénaux, etc[3].
Néanmoins, en 2021 le permis d’exploration d’Imerys a été renouvelé.
Par ailleurs, le débat national organisé à l’occasion du projet « Emili » a souligné l’intérêt des français à la préservation de l’environnement et de leur santé. Il est donc intéressant de se poser la question suivante, de Judith Pigneur, Docteure en génie industrielle et experte sur l’extraction des ressources pour les Amis de la Terre France, « faut-il préserver la France [et les français en abrogeant ce projet] et continuer à détruire le Chili ou la Bolivie [de grands producteurs de lithium à l’autre bout du monde] ?[4]».
In fine, la question ne se pose même pas étant donné que la demande en lithium augmente et est exponentielle. Selon l’Union européenne, elle « […] aura besoin de 18 fois plus de lithium d’ici à 2030, et jusqu’à 60 fois plus d’ici à 2050[5]».
[1] Disclose – « Mine de lithium dans l’Allier : le rapport qui dévoile une bombe toxique », enquête par Investigate Europe (Leila Miñano), édition par Mathias Destal et Ariane Lavrilleux, publié le 23 novembre 2023. Lien : https://disclose.ngo/fr/article/mine-de-lithium-dans-lallier-le-rapport-qui-devoile-une-bombe-toxique
[2] Disclose – « Mine de lithium dans l’Allier : le rapport qui dévoile une bombe toxique », enquête par Investigate Europe (Leila Miñano), édition par Mathias Destal et Ariane Lavrilleux, publié le 23 novembre 2023. Lien : https://disclose.ngo/fr/article/mine-de-lithium-dans-lallier-le-rapport-qui-devoile-une-bombe-toxique
[3] Yvery – Les symptômes d’une intoxication aux métaux lourds. Lien : https://yvery.com/symptomes-intoxication-metaux-lourds/
[4] « Basta ! Media » – « Mines de lithium : faut-il préserver la France et continuer à détruire le Chili ou la Bolivie ? », par Judith Pigneur, publié le 9 décembre 2022. Lien : https://basta.media/Mines-de-lithium-faut-il-preserver-l-Allier-et-continuer-a-detruire-le-Chili-ou-la-Bolivie
[5] « Europa » – “Communiqué de presse: Commission announces actions to make Europe’s raw materials supply more secure and sustainable”, written by Sonya Gospodinova and Federica Miccoli, published on the 3rd September 2020. Link : https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/ip_20_1542