Si la stratégie allemande mise sur l’hydrogène renouvelable pour les secteurs de l’industrie, de la chimie et des transports, le potentiel de l’hydrogène jouera un rôle considérable dans le secteur des transports en Allemagne.
La saturation de la circulation des villes, la préoccupation de la qualité de l’air, les effets du changement climatique sont d’autant d’enjeux qui font naître la question du type d’énergie pour la mobilité sans émission de demain. Si l’Allemagne mise dans sa Stratégie nationale sur l’hydrogène vert dans le secteur des transports, c’est que l’hydrogène vert présente une production décarbonée de l’hydrogène avec des véhicules qui ne produisent aucune émission de GES. De nombreuses mesures, concernant directement ou indirectement les mobilités, ont été mises en place pour accompagner la décarbonation du secteur de la mobilité à l’aide de l’hydrogène propre.
La stratégie allemande de l’hydrogène vert et la décarbonation des mobilités
Le secteur des transports offre un potentiel de développement majeur pour l’hydrogène vert pouvant être utilisé comme un carburant très similaire au gaz naturel sans émettre de GES lorsqu’il est issu de sources renouvelables. Il peut être utilisé directement dans des moteurs à combustion interne ou dans des piles à combustible. Ce type de mobilité figure dans la catégorie électrique au côté des batteries ou basé sur une hybridation. L’hydrogène en tant que vecteur énergétique a la capacité de stocker de manière flexible l’électricité. L’Allemagne, grand producteur d’énergie solaire et éolienne, aura la possibilité de stocker et produire grâce aux piles à combustible une électricité à la demande à partir d’EnR intermittents par nature.
L’hydrogène vert est idéal pour les projets de mobilité propre et sera utilisé en priorité par l’Allemagne dans des domaines déjà proches de la viabilité économique ou pour les mobilités à lesquelles l’électricité ne peut répondre tel que l’aviation et le transport maritime qui ne pourront pas être alimentés directement en électricité à long terme, que ce soit exclusivement ou au prix de grands efforts. Le gouvernement allemand a décidé d’orienter ses investissements en priorité sur une mobilité adaptée aux atouts de la filière hydrogène telle que la mobilité lourde. Dès 2030, l’hydrogène vert alimentera en priorité les mobilités lourdes comme les poids lourds, les trains de fret, les péniches et navires (porte-conteneurs, ferries…). En ce qui concerne la technologie des piles à combustible, par exemple, l’objectif est de renforcer le génie mécanique allemand en améliorant les paramètres de coût, de poids et de performance des composants des piles à combustible (cheminées, réservoirs sous pression, etc.).
Le vecteur énergétique présente, au-delà des enjeux de décarbonation, de grandes qualités pour la mobilité lourde telle qu’une « grande autonomie avec plus de 600 km pour 6 kg d’hydrogène ; un temps de charge rapide en moins de cinq minutes ; performant par tout climat ; avec un confort de conduite et silencieux ». Ces caractéristiques seraient aptes selon l’Allemagne à répondre à la puissance nécessaire pour la mobilité lourde, contrairement à l’électrique qui s’essouffle plus rapidement. De plus, l’hydrogène vert pourrait correspondre aux caractéristiques des véhicules lourds de transport de personnes ou de marchandises qui empruntent des circuits préférentiels de façon régulier, répondant à la problématique des besoins en infrastructure et bornes de recharge installées de façon stratégique.
Certains industriels allemands tentent le pari de l’hydrogène vert dans les mobilités individuelles. Décrier par certains, l’hydrogène vert offre pourtant des perspectives intéressantes pour la grande puissance automobile qu’est l’Allemagne. Des industriels allemands voient dans les piles à combustible une alternative aux batteries électriques classiques. La stratégie nationale de l’Allemagne prévoit que « l’utilisation de l’hydrogène peut également constituer une alternative dans certains domaines des voitures particulières ».
Des bus, des camions et des trains roulent déjà à l’hydrogène, néanmoins pas essentiellement « vert ».
Les défis et perspectives
Il n’est pas surprenant de voir des stratégies nationales parier sur une technologie révolutionnaire dans un contexte de transition énergétique propice à l’innovation. Les défis de ce vecteur énergétique pour l’Allemagne ne sont rien comparés aux perspectives attrayantes du développement de la filière hydrogène vert, et des milliards d’euros investis pour y parvenir.
S’il est inévitable que le déploiement de l’hydrogène vert nécessite un contexte favorable de la part des utilisateurs finaux ainsi qu’un cadre juridique adapté, l’Allemagne semble être prête à relever les défis auxquels elle sera confrontée dans ce domaine. Elle est déterminée à développer son marché de l’hydrogène vert dans tous les domaines de l’économie pour faire de l’hydrogène vert l’un des piliers de sa transition énergétique.
Mais face à la crise écologique, il est possible d’objecter que l’hydrogène vert ne sera pas la seule option pour l’Allemagne, ou tout du moins pour une période de transition. En effet, l’hydrogène bleu est considéré comme un substitut potentiel de transition. D’ailleurs, si le gouvernement allemand souligne le rôle fondamental de l’hydrogène vert dans la transition énergétique, l’Allemagne lui reconnaît un rôle transitoire pour l’hydrogène bleu. Il est d’ailleurs possible de se demander si l’hydrogène bleu n’ouvrira pas la voie à une économie de l’hydrogène. Tout l’enjeu peut être de mettre l’hydrogène au service d’un changement : une transition vers une économie hydrogène menée de façon raisonnée, tout en engageant une transition de fond de notre façon de vivre.