Exploitation minière des fonds marins, une peine plus qu’une aubaine, partie 2

Les premiers projets d’extraction de minerais du fond des océans, qui devaient débuter en juillet, ont été remis en cause lors des débats portant sur la finalisation d’un code minier au sein de l’Autorité internationale des fonds marins. Alors que ces pratiques sont remises en cause par les scientifiques, aucun moratoire n’a été décidé, ni même discuté. A contrario, aucune autorisation d’exploitation n’a été délivrée par l’AIFM.

Les connaissances scientifiques sur les fonds marin en général et l’impact de leur exploitation sur les écosystèmes sont très limitées. La pression y est élevée, la lumière absente, et les espèces étudiées sont principalement inertes et remontés à la surface. Un moratoire aurait permis de développer les connaissances scientifiques avant de débuter une activité sans en connaitre les conséquences à venir.

Pour comprendre l’impact potentiel des activités d’extraction, il convient de comprendre ce qui fait concrètement l’objet de convoitises. Les métaux présents au fond des océans sont sous forme de nodules polymétalliques. Il s’agit de petites concrétions de métaux, sous forme de particules nanométriques, issues de la colonne d’eau et de sédiments, qui ont mis des milliers d’années à se former. Ainsi, il semble que les concentrations de métaux sont en réalité infimes. Par ailleurs, il parait technologiquement impossible à l’heure actuelle de transformer des particules nanométriques en batteries.

L’exploitation minière des fonds marins, si elle est autorisée par l’AIFM, aura évidemment des conséquences importantes et irréversibles sur la biodiversité. Les machines utilisées ratisseraient les fonds marins et détruiraient tout un écosystème. Selon certaines hypothèses scientifiques, la mise en suspension des sédiments perturberait l’habitat des espèces des abysses, mais aussi l’écosystème océanique dans sa globalité. Des expériences ont déjà montré que le seul prélèvement d’un nodule polymétallique ou la mise en suspension légère de sédiments entrainait la fuite des espèces dans ces zones.

Enfin, l’océan est un puits de carbone naturel important qui stocke 30% des émissions de CO2anthropiques. Ratisser le fond des océans aurait pour conséquence de relâcher du carbone dans l’atmosphère. Autrement dit, nous devrons gérer une quantité de carbone supplémentaire, et il sera encore plus difficile de respecter les objectifs fixés par les Accords de Paris.

 

Sources :

>France inter, le grand reportage, au fond des océans, des richesses convoitées, https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/grand-reportage/grand-reportage-emission-du-vendredi-17-fevrier-2023-9417242

>France inter, l’invité de 8h20, Françoise Gaill : « les fonds marins pour supporter le changement climatique », https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-mardi-18-juillet-2023-9710795

>https://reporterre.net/Fonds-marins-les-tresors-miniers-au-coeur-de-negociations-tendues

>https://www.un.org/fr/chronicle/article/lautorite-internationale-des-fonds-marins-et-lexploitation-miniere-des-grands-fonds-marins

> https://www.novethic.fr/actualite/environnement/biodiversite/isr-rse/exploitation-miniere-des-fonds-marins-pas-de-feu-vert-mais-pas-de-moratoire-non-plus-151671.html

> https://youthforclimate.fr/articles/exploitation-miniere-oceans-deep-sea-mining/

 

 

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