You are currently viewing La génétique au secours de nos abeilles.

« Si l’abeille venait à disparaître, l’humanité n’aurait plus que quatre ans à vivre ». Même si cette phrase attribuée à Albert Einstein n’est pas scientifiquement exacte elle montre bien l’importance des abeilles dans nos vies. Rouage clé de l’environnement, les abeilles sont depuis le début des années 1980 menacées par un dangereux prédateur : le Varroa.

Le Varroa est un parasite qui va se fixer dans les nymphes des abeilles afin de pondre et se développer à l’intérieur. De ce fait, il perturbe la ponte et peut être fatal pour la colonie. Il est tout simplement la principale cause de mortalité chez les abeilles en hiver.

Actuellement, les apiculteurs luttent contre le Varroa à l’aide de produits médicamenteux plus ou moins chimiques. Ces produits permettent la survie de la ruche mais sont dangereux à la fois pour les abeilles mais aussi l’apiculteur.

C’est à la fin des années 1990 que des chercheurs américains ont découvert chez certaines abeilles le « caractère VSH » pour Varroa Sensitive Hygiene. Le comportement VSH chez une abeille signifie que celle-ci est capable de repérer la nymphe infectée afin qu’une seconde abeille la retire pour s’en débarrasser. Cette opération de « tri » entraîne un dérèglement des femelles Varroa et une perte de fécondité empêchant ainsi le parasite de se développer.

Malheureusement, ce comportement n’est pas développé chez toutes les abeilles même au sein de la même espèce. Prenons Apis Melifera, que nous connaissons sous le nom d’abeille domestique. Au sein même de cette espèce, il est possible d’observer la présence, ou non, du caractère VSH.

C’est là que la génétique entre en scène. Certains organismes comme la fondation hollandaise ARISTA Bee Research tentent aujourd’hui d’identifier ce caractère à l’intérieur du génome de l’abeille.

En utilisant la recherche génétique, ARISTA travaille sur le séquençage du génome d’abeille présentant un caractère VSH élevé. Le but de ces recherches est d’identifier le ou les gênes caractéristiques de ce comportement « anti-Varroa ».

L’objectif final est de pouvoir trouver un génome stable afin de procéder à des inséminations artificielles puis naturelles à grande échelle pour partager le plus possible ce comportement VSH. Evidemment, l’enjeu pour les apiculteurs est énorme puisque se doter de colonies résistantes représente un gain d’argent conséquent.

La disparition des traitements chimiques représente également un enjeu écologique, tout comme la protection des abeilles. L’importance de ces recherches n’a d’égal que leur caractère novateur qui met en lumière un aspect essentiel de nos vies : la science et la technologie peuvent sauver l’environnement.

 

Un immense merci à M. Michel Liechtele, apiculteur passionné travaillant bénévolement avec ARISTA, qui a gentiment accepté de répondre à mes questions. Sans sa pédagogie et sa bienveillance je n’aurai pu écrire cet article.

A propos de Antoine REBESCO