Qu’est-ce que la flexibilité du système électrique ? C’est un pouvoir de modulation de l’offre et de la demande d’électricité pour assurer l’équilibre du réseau. Pour équilibrer le réseau électrique, il existe des réserves. Elles sont au nombre de trois : primaire, secondaire et tertiaire. Elles permettent de réguler la fréquence du réseau si celle-ci diminue ou augmente. La différence entre ces réserves est le temps d’activation de chacune et la puissance disponible. Ces réserves posent néanmoins deux problématiques majeures : leur impact environnemental et leur capacité face à une consommation d’électricité toujours croissante. En effet, l’équilibrage du réseau se fait parfois avec de l’électricité produite au moyen d’énergies fossiles comme le gaz naturel. Une solution envisageable est le développement du stockage d’électricité associé à des installations de production d’électricité renouvelable. Le projet de l’aide d’État de l’appel d’offres « Flexibilités décarbonées » permettrait de soutenir l’émergence de cette solution.
Les flexibilités décarbonées peuvent consister en des capacités d’effacement explicites (qui participent au marché comme la production d’électricité, à la différence des capacités implicites qui correspondent aux consommateurs qui réduisent d’eux-mêmes leur consommation d’électricité lorsque son prix est élevé) ou en du stockage d’électricité. Les installations de stockage d’électricité pourront bien participer à ce mécanisme : « Les autorités françaises expliquent que sous réserve des considérants (61) à (64) ci-dessous, toutes les capacités d’effacement ou de stockage qui sont susceptibles de contribuer au développement de flexibilités décarbonées disponibles en 2024, en 2025 ou au premier trimestre 2026 (selon les appels d’offres) sont éligibles à la mesure. » Le critère est le caractère décarboné de l’électricité : « Les nouvelles capacités de production thermique fossiles et les capacités d’effacement reposant sur un actif de production thermique fossile derrière le point de comptage ne sont donc pas éligibles à la mesure. » Le cahier des charges sera soumis à consultation publique et publié prochainement sur le site de RTE (Réseau de Transport d’Électricité).
Cet appel d’offres, autorisé par la Commission européenne, concerne les « flexibilités décarbonées de court terme », notamment intra-journalières. En effet, pour ces flexibilités intra-journalières décarbonées, les marchés de gros et le mécanisme de capacité ne répondent pas à la demande : « Les offres financières reçues dans le cadre des appels d’offres effacement sont également structurellement plus élevées que le prix du mécanisme de capacité, ce qui justifie que les revenus de marché et du mécanisme de capacité ne sont pas suffisants à ce jour pour développer ces gisements [capacités d’effacement et de stockage supplémentaires].». Cela prouve que le stockage n’est, pour l’instant, que difficilement valorisable sur le marché de capacité, ce qui semble logique étant donné la capacité et le coût des batteries. Ces dernières semblent mieux répondre à un besoin de modulation intra-journalier qu’aux besoins du mécanisme de capacité. Ce soutien au développement des moyens de stockage reste néanmoins temporaire, seules les périodes 2024, 2025 et 2026 seront concernées, dans l’attente d’une réforme du marché de capacité permettant de répondre aux besoins intra-journaliers.
En pratique, l’aide consistera en un soutien financier dans le prix de l’électricité qui rendra plus accessible la rentabilité économique des installations de stockage d’électricité : « Le niveau du soutien unitaire (exprimé en EUR/MW), octroyé à l’ensemble des capacités retenues, correspond au prix de l’offre la moins compétitive retenue (« pay-as-clear »). »