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Captage et stockage du dioxyde de carbone

Le captage et stockage du dioxyde de carbone (CCS) consiste à capter du CO2 – du fait des activités industrielles – puis à le stocker dans un réservoir géologique afin de réduire les gaz à effet serre.

Le CO2 émis par les transports et l’habitat est trop diffus pour être technologiquement capté et stocké, mais celui émis par de grandes sources industrielles peuvent l’être (elles représentaient en France environ 75 millions de tonnes de CO2 par an, soit 20 % des émissions du pays).[1]

En 2023, le GIEC, l’Agence internationale de l’énergie et la Commission européenne jugent le captage et stockage du dioxyde de carbone incontournable dans la palette d’outils nécessaires pour atteindre la neutralité carbone en 2050, en particulier dans les secteurs où la réduction des émissions s’avère très difficile : le cimenterie, l’aciérie ou la chimie.[2]

Principes du captage

Il s’agit essentiellement d’enfouir dans le sous-sol, massivement et de manière sécurisée, du dioxyde de carbone préalablement « capté » en sortie de grandes chaudière ou de turbines à gaz puis comprimé.

Le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) estime (en 2022, dans un rapport spécial sur le changement climatique et l’utilisation des terres) que, si les solutions géotechniques expérimentées sont validées, «Les technologies du captage et stockage du dioxyde de carbone pourraient avoir un potentiel important pour réduire les émissions de gaz à effet de serre avec un potentiel de réduction des émissions de 10 à 55 % d’ici 2100, selon les scénarios », tout en soulignant que le CCS présente certains risques dont la fuite de CO2 hors des réservoirs géologiques.[3]

Capturer artificiellement le dioxyde de carbone dans l’air ou en sortie de toutes les cheminées voire de pots d’échappement est un préalable au stockage. Ce captage est techniquement possible, mais coûteux et énergivore.

Transport et Stockage

Le CO2 capté doit ensuite être transporté des lieux de captage aux lieux de stockage ou d’utilisation (à préalablement définir avec les administrations concernées) ; soit via un pipeline terrestre ou marins, soit par navire.

Selon le GIEC, 99% du CO2 injecté sur 1000 ans pourrait être emprisonné pour plusieurs millions d’années sous réserve que les technologies nécessaires soient développées et validées.[4]

Ce CO2 serait injecté dans des formations rocheuses profondes sous forme supercritique via des puits dans des roches perméables situées sous des formations jugées suffisamment hermétiques.

Aspects juridiques

Des questions se posent au législateur, dont notamment:

En cas de dommages futurs provoqués par le CO2 enfoui sur l’homme, l’eau (acidification de la mer, acidification des sols), la faune ou les écosystèmes, notamment dans les régions habitées, qui serait responsable?

À qui appartient le CO2 enfoui ? S’il n’est pas inerte, reste-t-il juridiquement un déchet, un déchet toxique ou un déchet dangereux?[5]

Projets

Près de 70 projets ont été démarrés puis abandonnés parce qu’ils étaient trop chers, selon Wood Mackenzie ; seuls une vingtaine sont opérationnels, dont la majorité aux États-Unis, où ils bénéficient d’un régime fiscal favorable. Ils sont même profitables parce qu’ils ont une utilité économique directe : les compagnies pétrolières injectent le CO2 dans les réservoirs de pétrole afin d’améliorer leur productivité. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), le monde devrait, pour respecter l’Accord de Paris sur le climat, avoir stocké plus de 5 milliards de tonnes de CO2 par an en 2050; pour que la capture et le stockage décollent vraiment, il faudra des subventions publiques dans les phases de démarrage, ainsi qu’une taxation du carbone beaucoup plus élevée.[6]

Conclusion

Enfin, on peut affirmer que cette méthode peut effectivement contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. En ce qui concerne les gisements de pétrole et de gaz, elle pourrait même s’avérer bénéfique. En injectant du gaz dans le champ, il est possible de renforcer la pression du champ. Cependant, cette possibilité doit être vérifiée pour chaque champ individuel en fonction de ses caractéristiques géologiques. Dans le cas des usines (acier, ciment, chimie, etc.), cette méthode peut être considérée comme rentable pour l’industrie lorsque les coûts associés restent raisonnables.

Mais aussi des efforts supplémentaires devraient encore être faits par rapport aux incertitudes concernant la sécurité et les impacts environnementaux à long terme.

 

[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Captage_et_stockage_du_dioxyde_de_carbone

[2] https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/les-dollars-pleuvent-sur-les-cimetieres-de-co2-1949707

[3] https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg2/

[4] https://fr.wikipedia.org/wiki/Captage_et_stockage_du_dioxyde_de_carbone#cite_note-60

[5] Purdy, R., Macrory, R., 2004. Geological carbon sequestration: critical legal issues, Tyndall Centre Working Paper No. 45, at 24–25.

[6]https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/la-capture-du-co2-une-technologie-couteuse-et-controversee-1274273

A propos de Bahram MADANI

Étudiant en master 2, droit et gestion des énergies et du développement durable, Université de Strasbourg