Eco-innovations – peuvent-elles nous sauver ?

Dans les derniers rapports du GIEC, on constate que la lutte contre le changement climatique ne peut pas seulement être une affaire d’innovation. Les éco-innovation sont importantes pour adapter nos modes de vie. Cependant, comme le souligne Thimothée Parrique dans son livre « Ralentir ou Périr », il est naïf de penser que ces éco-innovations sont suffisantes. D’une part, leur nombre est bien inférieur à celui des innovations polluantes. D’autre part, même si ces éco-innovation sont pertinentes, elles ne remettent pas totalement en question nos modes de vie, et s’ajoute aux innovations existantes, ce qui augmente finalement nos émissions de gaz à effet de serre.

Thimothée Parrique, économiste français et chercheurs à l’Université de Lund, précise dans son livre « Ralentir ou périr » que « quand on évoque la « croissance verte », le découplage fait référence à la dissociation entre la croissance du PIB (la variable économique) et les pressions environnementales (la variable écologique) ». Ces dernières représentent « l’ensemble des conséquences que les activités humaines ont sur la nature, que ce soit à travers l’utilisation de ressources (les matériaux, l’énergie, l’eau et les sols) ou ses conséquences sur l’environnement (dérèglement climatique, perte de biodiversité, acidification des océans, pollution de l’air, de l’eau, du sol, pollution lumineuse et pollution sonore, etc…) ».

Il semble ainsi que l’innovation permet la croissance verte. Or, toute innovation n’est pas verte. Thimothée Parrique précise que « pour que [le découplage soit rendu possible par le progrès technique], il faudrait que ce progrès privilégie les éco-innovations, que ces innovations remplacent l’infrastructure polluante, et que tout cela se fasse à une vitesse suffisamment rapide ». Il s’appuie sur une étude de 2016 sur les brevets d’entreprises automobiles pour conclure que « le nombre de brevets polluants a toujours été supérieur au nombre de brevets verts ». Ainsi ce n’est pas parce que de plus en plus d’éco innovations sont brevetées qu’il n’en va pas de même pour les innovations polluantes.

Il démontre également que les entreprises suivent une trajectoire assez linéaire en termes d’investissements. Dès lors, « plus une entreprise aura investi dans une technologie, plus elle financera d’activités de recherche et développement centrées sur cette technologie ». Donc « plus il y a de brevets polluants, plus les entreprises investissent dans l’innovation polluante ».

Par ailleurs, pour que les éco-innovation soient efficaces, elles « doivent venir remplacer les anciennes », selon un processus « d’exnovation ». Cependant, cela prend beaucoup de temps. Résultat, les éco-innovations ont un impact extrêmement faible sur l’empreinte écologique de l’économie : « 1% de croissance des brevets sur des technologies environnementales est associée à seulement 0,005% de réduction de l’empreinte écologique », alors que « chaque point de croissance du PIB fait augmenter les émissions de 0,2% ».

 

Sources :