You are currently viewing Les lingettes jetables : un fléau pour l’assainissement et les canalisations

Depuis l’épidémie de Covid-19, l’usage de lingettes jetables désinfectantes a explosé. Ces lingettes, ayant pris une place majeure dans les foyers français, présentent toutefois plusieurs inconvénients. Leur composition est bien souvent chimique et mauvaise pour l’environnement. De plus, ce marché représente une quantité de déchets immense. Selon le WWF, l’usage de ces lingettes génère environ 23 kg de déchets par an et par personne dans le monde. Or, le plus important fléau les concernant se retrouve dans la façon de les utiliser, et notamment de s’en débarrasser.  

En effet, beaucoup d’usagers ont pour réflexe de les jeter dans les toilettes. Cela provient bien souvent d’une confusion qui subsiste sur les emballages de ces lingettes. Le terme “biodégradable” régulièrement employé sur ces produits donne l’impression qu’elles disparaissent dans l’eau. Or, selon Marillys Macé, directrice du Centre d’information sur l’eau, « malgré tout le parcours de ces lingettes dans l’eau, elles ne se délitent pas. ». Seul le papier toilette est destiné à être jeté dans les sanitaires.  

Cela a pour conséquence directe que ces éléments restent souvent coincés dans les canalisations, ce qui créé des bouchons. Il faut alors faire appel à des professionnels pour les aspirer. Dans certains services d’assainissement chez Veolia, 70% des interventions de terrain sont consacrées aux dégâts laissés par ces lingettes.  

Mais cela ne s’arrête pas là. Lorsque ces lingettes ne se cumulent pas dans les tuyaux internes des logements, elles parviennent jusqu’aux stations d’épuration. Ces installations ne sont pourtant pas conçues pour contenir une quantité si élevée de ce type de déchets. Cela entraine alors un entretien plus conséquent et régulier pour éviter les pannes, ce qui a pour conséquence de générer un surcout de l’entretien du réseau, impactant directement le prix de l’eau assainie. Ces lingettes arrivant aux stations d’épuration peuvent même provoquer le débordement des stations dans de rares cas.  

Alors que faire pour prévenir les usagers des impacts de ce geste paraissant si anodin ? Le sénateur Jean-François Longeot a saisi la ministre de la transition écologique de cette question le 23 juillet 2020. Cette dernière a estimé que “la modification des comportements individuels passe par la répétition de ces messages de prévention afin de responsabiliser les utilisateurs de lingettes”. Ainsi, par exemple, cela se matérialise par l’avertissement dans la presse, par les collectivités via une information de leurs administrés, ou par les associations de protection de l’environnement. Le ministère chargé de l’environnement a également organisé une campagne d’information en mai 2020 indiquant comment et où jeter les lingettes et les masques afin de mobiliser la population pour préserver l’environnement. Le marquage de ce type de produit précisant de ne pas les jeter dans les toilettes est également prévu par la Directive 2019/904 du Parlement européen et du Conseil relative à la réduction de l’incidence de certains produits en plastique sur l’environnement. 

L’effectivité de ces informations est cependant discutable. Les stations d’épurations restent envahies par ces lingettes. Alors que ce mauvais usage des lingettes nuit à la continuité du service public de l’eau, et notamment de la dépollution des eaux usées, ne serait-il pas propice de se questionner sur la responsabilité des fabricants de lingettes, et sur la terminologie à utiliser sur les emballages ?  

 

 

 Sources :

https://www.cieau.com/lingettes-desinfectantes-nos-toilettes-ne-sont-pas-des-poubelles/ 

https://www.senat.fr/questions/base/2020/qSEQ200717428.html 

https://www.eau.veolia.fr/leau-vous/environnement/bon-geste-jetez-lingettes-poubelle-pas-toilettes 

 

 

A propos de Mathilde BIOT