You are currently viewing Le charbon à l’heure des choix climatiques

Juin 2024 a été le mois le plus chaud jamais mesuré depuis le début des relevés en 1940 et qui s’inscrit dans une tendance de hausse des températures chaque année. Selon l’UE Copernicus, la température moyenne mondiale sur une année (de Août 2023 à Août 2024) a atteint un record de 1,64 °C au-dessus des niveaux des périodes pré-industrielles, dépassant ainsi tous les mois précédents enregistrés. En outre, l’Accord de Paris vise à limiter le réchauffement à 1,5 °C. Le charbon peut-il être une cause de ce réchauffement ? Et doit-on s’inquiéter du fait que les pays ne semblent toujours pas prêts à se détourner de l’industrie charbonnière ?

En septembre 2024, dans le cadre de l’objectif d’un système électrique entièrement décarboné d’ici 2030, le Royaume-Uni met fin à 142 ans de production d’électricité à partir du charbon. Alors que la dernière centrale ferme après 57 ans de service, cela représente un exemple puissant pour d’autres nations en transition vers une énergie plus verte1.

 

Le charbon, une énergie en voie de diminution en Europe

En mai 2024, les pays du G7 se sont engagés à fermer leurs centrales à charbon avant 2035. Ces pays ont annoncé, pour la première fois collectivement, une date de fin du charbon lorsqu’il n’est pas associé à des dispositifs de capture et de stockage du CO2. D’ailleurs, la consommation de charbon dans l’Union européenne connaît un déclin significatif, avec une baisse de 40% entre 2018 et 2023 d’après les données d’Eurostat2. Mais en 2023, l’énergie fossile la plus émettrice a ainsi battu un nouveau record avec près de 9 milliards de tonnes consommées mondialement. La mauvaise nouvelle est que, selon les prévisions de l’Agence internationale de l’Energie (AIE), la tendance devrait se poursuivre en 2024 et 2025.
À l’automne 2024, selon le rapport de MSCI Sustainability Institute, basé sur les données de Statistical Rewiew of World Energy, la production mondiale d’électricité en 2023 était répartie comme suit : combustibles fossiles avec charbon – 35 %, gaz naturel – 23 %, pétrole – 2 %, nucléaire – 9 %, énergies renouvelables – 16 %, hydroélectrique – 14 % et autres – 1 % (graphique 1).

Graphique 1
Image créée sur la base des données Statistiacal rewiew of World Energy

Graphique 2
Image créée sur la base des données Statistiacal rewiew of World Energy

Ces données montrent qu’une part significative de la production et de la consommation d’énergie mondiale repose encore sur les combustibles fossiles, soulignant ainsi le besoin urgent d’accélérer la transition énergétique pour atteindre les objectifs de décarbonisation. Malgré les efforts mondiaux pour réduire l’utilisation du charbon, de nombreux pays restent réticents à y renoncer complètement. Cette persistance s’explique par plusieurs facteurs clés qui freinent la transition vers des énergies plus propres. À titre d’exemple, en Pologne, 85 % de la consommation énergétique provient de sources fossiles, dont près de la moitié (45 %) est issue du charbon, 23 % du pétrole et 17 % du gaz naturel.

 

Une résistance accrue dans les pays de l’Europe de l’est et de l’Asie

Mais si nous avançons encore plus à l’est, par exemple en Russie, qui reste non seulement un grand consommateur, mais aussi un exportateur de charbon vers des pays d’Asie, comme l’Inde, nous verrons qu’il y a une différence dans le rapport d’utilisation du charbon comme source d’électricité par rapport à d’autres types de sources. Ainsi, en 2024, la Russie souhaite augmenter ses exportations de charbon vers l’Inde afin de répondre à la demande croissante de ce combustible dans ce pays asiatique, a déclaré le vice-premier ministre russe Alexandre Novak.

L’Inde maintient une forte dépendance à l’énergie fossile, comme en témoignent les données de consommation électrique d’août 2023 à juillet 2024. Durant cette période, près de 73% de l’électricité produite provient du charbon3. Cependant, en septembre de cette année, en Inde et selon les données, nous observons le déclin consécutif de la production d’électricité à partir du charbon. Cette évolution, qui se traduit également par une baisse de la production nationale et des importations de charbon, pourrait signifier une restructuration majeure du marché énergétique indien, malgré des prévisions optimistes de hausse de la demande énergétique à long terme.

La Chine, premier consommateur et producteur mondial, la tendance ne va pas à la baisse pour 2025 et même des records historiques sont atteints avec une production journalière de 14 millions de tonnes. La Chine, contrairement à l’Europe, ne prévoit pas de baisser sa production tout de suite afin d’éviter toute pénurie. Cependant, la Chine prévoit tout de même d’enclencher un déclin progressif de sa production de charbon au bénéfice d’un mix énergétique4.

Face à ces défis, les perspectives restent mitigées. L’objectif d’une sortie totale du charbon d’ici 2040, comme prévu par l’accord de la COP26, semble peu réaliste pour de nombreux pays. Bien que le développement des énergies renouvelables progresse, il ne suffit pas encore à compenser la demande croissante d’énergie. Une transition réussie nécessitera une coopération internationale accrue, des investissements significatifs dans les énergies renouvelables et des stratégies adaptées aux réalités de chaque pays.

 

 

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