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Ce lundi 11 novembre a marqué le lancement de la COP 29, à Bakou en Azerbaïdjan, une puissance pétrolière que son président, Ilhan Aliev, a qualifié de « cadeau de Dieu », pour désigner les hydrocarbures qui font la richesse du pays. Des propos qui ne manquent pas de faire réagir, dans un contexte où le dépassement historique du seuil des 1,5 °C de réchauffement climatique mondial a été annoncé par l’Organisation météorologique mondiale (l’OMM) des Nations-Unis, et Trump réélu en tant que président des États-Unis.

L’enjeu principal de cette COP était de trouver un compromis sur le financement des aides monétaires à apporter aux pays les plus pauvres et vulnérables face au changement climatique. En réalité, qu’en est-il ?

 

L’absence de nombreux dirigeants : un climat géopolitique non-propice aux négociations

À peine débutée que la COP a dû faire face à l’absentéisme de nombreux dirigeants tels que le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, ou encore l’ex-président américain Joe Biden en raison de l’élection nouvelle de Trump. Le ministre des Affaires étrangères de Papouasie-Nouvelle-Guinée avait, quant à lui, qualifié le sommet de « perte de temps totale […] de promesses vides » et a exprimé « une inaction de la part des pays gros émetteurs » frustrante, motivant son absence.

À l’échelle européenne, la présidente de la Commission, Ursula van der Leyen, ou encore le chancelier Olaf Scholz n’ont pas pu y assister.

Concernant la France, le président azerbaïdjanais a pointé du doigt les agissements du président Macron dans sa gestion de la crise en Nouvelle-Calédonie. Ce règlement de compte n’a pas manqué d’interloquer dans un rassemblement à but climatique, et a été jugé « ironique en matière [ de respect ] des droits de l’homme » par la ministre de la transition écologique Agnès Pannier-Runacher. Derrière ce discours, semble se cacher une volonté du dirigeant allié de la Russie de régler ses conflits avec la France qui a déclaré soutenir son ennemi, l’Arménie.

Un sommet sur le climat qui a davantage pris l’allure d’un règlement de contentieux politique, freinant vivement les négociations en matière de financement climatique.

 

L’engagement des grandes puissances à ne plus ouvrir de centrale à charbon : une victoire à demi-mot

Vingt-cinq pays, développés pour la plupart (France, Allemagne, Canada), se sont engagés à ne plus ouvrir de centrale à charbon. Un acte qu’il convient de saluer, mais ne surprend pas, puisque le Royaume-Uni a récemment fermé sa dernière centrale à charbon. Cependant, malgré un ralliement par des pays tels que l’Australie (gros producteur de charbon), l’Angola, l’Éthiopie ou encore l’Ouganda, signataires de l’alliance « Powering Past Coal », cet engagent peut difficilement être qualifié de « victoire », et ce pour deux raisons :  l’abstention regrettable de gros pays comme la Chine ou les États-Unis ; et le fait que cet engagement n’oblige aucunement ses signataires à renoncer à l’extraction ou à l’exportation de charbon.

En d’autres termes, renoncer à construire de nouvelles centrales à charbon ne permettra pas, dans le contexte actuel, la cessation définitive d’un combustible fossile plus émetteur de CO2 que le gaz ou le pétrole.

 

L’objectif chiffré des aides pour les pays victimes du changement climatique loin d’être atteint

L’enjeu principal est de financer les aides climatiques à destination des pays en voie de développement (PED), qui sont les premières victimes du réchauffement climatique, pour les accompagner dans leur abandon du fossile, mais aussi l’achat d’équipements pour se protéger des risques liés au réchauffement (inondations, montée des eaux …).

Cet objectif a été prolongé lors de la COP21 pour l’Accord de Paris, durant laquelle les pays développés se sont engagés à financer 100 milliards de dollars par an d’ici 2025 pour limiter fortement l’impact climatique dans les PED. Cependant, neuf ans après, ce quantum est jugé insuffisant par les pays concernés qui espèrent entre 440 et 1300 milliards de dollars.

En dépit d’un manque de précision pourtant très attendu par le G20 qui se déroulait en parallèle, le chiffre de 250 milliards de dollars par an d’ici 2035 a été proposé, mais a été qualifié de « mépris » à l’unisson. Une inaction « d’une hypocrisie folle » selon Fanny Petitbon, responsable France d’ONG, qui met en lumière l’existence des mesures alternatives au financement public actuel, comme la taxation des ultra riches. En outre, la question de l’élargissement de la base des contributeurs (ciblant particulièrement les pays du Golf et la Chine) a été abordée également, mais sans succès.

 

Une prolongation nécessaire pour un objectif financier plus « juste et ambitieux », vraiment ?

En raison de désaccord, une prolongation aura été nécessaire pour travailler sur un objectif financier répondant à ces critères, selon les Azerbaïdjanais, qui avaient pourtant prévenus n’accepter que « d’ultimes ajustements ». Comment atteindre ce compromis lorsqu’il est fait état de la présence de plus de 1770 lobbyistes des industries fossiles, et d’une présidence jugée « incompétente » par beaucoup de négociateurs et dirigeants ?

Quoiqu’il en soit, lors de chaque COP, tout accord doit être adopté par un consensus des près de 200 pays réunis. Mais, par la démonstration de sa gestion qualifiée « désastreuse », cette COP pourrait permettre la fin des COP de négociations pour laisser place à des COP de mise en mesure, donnant ainsi un caractère contraignant aux engagements pris par les États, et donc permettre de sortir de ce schéma de négociations freinant les avancées climatiques.

 

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