Une gestion des ressources halieutiques qui pose question
Les ressources halieutiques sont les ressources végétales et animales des milieux aquatiques, exploitées par l’Homme au travers de la pêche et de l’aquaculture. Il s’agit de ressources renouvelables.
La consommation mondiale de produits issus de la mer tels que le poisson, les mollusques ou les algues a explosé ces 50 dernières années, passant de 20 millions de tonnes en 1950 à 179 millions de tonnes en 2018, évoluant en moyenne de 9kg/habitant/an en 1961 à 21kg/habitant/an en 2022. La consommation des ressources halieutiques est en constante expansion depuis 50 ans, elle bondit de 3% en moyenne tous les ans, son extraction des océans y va de pair. Cependant même s’il s’agit de ressources renouvelables, il est important de gérer cette extraction de manière à permettre de faire perdurer l’utilisation des ressources halieutiques dans le temps.
Pour une bonne gestion d’une ressource renouvelable il est nécessaire de respecter un taux de prélèvement de la ressource inférieur au taux de production de celle-ci. La gestion des ressources halieutiques n’échappe pas à la règle, en effet si l’on prélève trop de poissons dans un milieu, ils ne peuvent plus se reproduire et permettre à l’espèce de se multiplier pour renflouer les stocks.
Pour exemple le thon rouge est menacé par la surpêche : selon l’Ifremer, dans l’ensemble de l’Atlantique Est et du bassin méditerranéen, le volume des captures du thon rouge est depuis plus d’une décennie autour des 60 000 tonnes/an, soit 2 à 3 fois le potentiel de production actuel du stock.
Le souci de cette surpêche est qu’elle ne se limite pas au thon rouge mais s’étend à de nombreuses espèces marines : 7 des 10 espèces les plus pêchées sont aujourd’hui pleinement ou surexploitées. La surexploitation des ressources halieutiques conduit en 2023 à un taux de 24% des espèces marines connues, en danger ou épuisées.
A ce rythme-là, en 2050 il n’y aura plus de poissons dans les océans.
Pour stopper cette surexploitation des océans, dès 1982, la Convention de Montego Bay met en place des outils juridiques, tels que la capacité des Etats côtiers à mettre en place des quotas d’exploitation des ressources dans leur zone économique exclusive. Mais la pêche est un atout économique pour les Etats donc l’utilisation de ces quotas va rarement en faveur de la biodiversité marine.
Le « Southern Indian Ocean Fisheries Agreement » signé en 2006 et entré en vigueur en 2012 est un accord visant à assurer la conservation à long terme et l’utilisation durable des ressources halieutiques dans une zone de 30 millions de km2 de haute mer au cœur de l’océan indien. Cet accord est fondé sur la coopération des parties contractantes comprenant notamment la France, l’Union Européenne.
Bien que des outils juridiques et des engagements politiques soient pris au niveau national et international, la situation actuelle est inquiétante et il apparait clairement que ces actions soient insuffisantes. C’est pourquoi certains scientifiques suggèrent de créer un réseau protégé recouvrant 20 à 30% de la surface des mers et des océans et étendre une pêche durable sur les 70% restant.
Aujourd’hui la meilleure solution serait une prise de conscience collective, une action des consommateurs allant vers une consommation modérée et issue de la pêche durable, ce qui permettrait aux Etats et aux industriels de prendre des mesures tendant elles aussi vers la préservation et la consommation durable de nos ressources halieutiques.
Sources :