Comment allier réduction de l’empreinte environnementale et efficacité au travail ? Et si la semaine de 4 jours devenait réalité ?
Déjà, l’avènement du télétravail avait permis de solutionner pléthore de problématiques. Selon Bercy (1), il permet
- D’accroître la production
- De réaliser des économies d’échelle sur les locaux et les dépenses courantes
- D’améliorer la qualité de vie de ses salariés au travail et, par conséquent, d’accroître leur motivation et leur implication
- De faire baisser l’absentéisme.
Là où le télé travail permettait déjà de diminuer l’absentéisme et d’améliorer la qualité de vie personnelle en diminuant les temps de trajets, l’heure est à la prévention des risques psychosociaux et à la qualité de vie au travail.
Il est toujours intéressant de questionner les principes et habitudes en vigueur et de les mettre en balance vis-à-vis du bien-être des travailleurs. Cette notion en constante évolution, se doit d’être continuellement adaptée et ajustée aux attentes sociétales. Travailler occupe la majorité de notre temps, une très grande partie de notre vie, ainsi quand est-il d’une réduction du nombre de jours de travail. L’idée n’étant pas de réduire le temps de travail (ou de très peu, tout dépend si l’on défend l’idée d’un 35h ou d’un 32h en 4 jours). La nuance réside dans la semaine de 4 jours ou la semaine en 4 jours.
Certains plaident en faveur d’une réduction du temps de travail à 32h, pour que les gains d’une semaine en 4 jours soient pleinement effectifs.
En effet, le penchant est rapide et réel. La compression du temps de travail peut mener à une fatigue accrue, un débordement de l’activité de travail dans la sphère privée, une baisse de la vigilance et donc une augmentation des risques d’accidents. (4) De plus, elle ne doit pas donner lieu à une diminution des RTT et des congés payés et se doit d’être mise en œuvre sans perte de salaire. Reporterre écrit (5) « travailler moins, gagner autant, profiter plus. »
Travailler différemment, agencer autrement sa gestion du temps libre, redimensionner la place du travail dans nos vies et opter pour davantage temps dédiés à nos loisirs, c’est que propose la semaine de 4 jours. C’est prioriser un équilibre plus favorable à la vie personnelle qui est en expérimentation depuis début 2023 (2).
Mais d’autres enjeux de société prennent place. La semaine de 4 jours lutte serait en faveur d’une réduction des inégalités de genre. En effet, elles permettent à des mères de travailler à temps sur quatre jours (3). Mais également, offrent la possibilité aux personnes travaillant en temps partiel de bénéficier d’une rémunération à taux plein en continuant de bénéficier d’une journée libérée.
Écologiquement, elle permet aussi de réduire les déplacements domicile- travail, mais aussi l’éclairage et le chauffage/ climatisation des locaux. En 2021, un rapport de l’association 4 Day Week Global de l’association Platform a estimé que le passage à la semaine de quatre jours réduirait l’empreinte carbone du Royaume-Uni de 127 millions de tonnes par an à l’horizon 2025, soit une diminution de 21,3 %. (4). L’ADEME estime qu’il entraînerait une baisse des émissions de CO2 de 271 kilos/an et par salarié. A noter que cette estimation ne prend pas en compte les potentiels effets rebond (par exemple, un travailleur qui utiliserait davantage sa voiture sur son temps libre). Cette estimation de 21,3% représente autant que les émissions de l’ensemble des véhicules privées du Royaume Uni. (6).
Les économies d’énergies y seraient pour beaucoup. Couplées à la réduction des déplacements, elles permettraient réellement d’agir sur les émissions de gaz à effet de serre. Il est également mis en avant que l’utilisation de ce temps ligne à des fins moins émettrices jouerait en faveur, tel que le volontariat local, le jardinage, la cuisine à la maison. Cet argument peut tout de même être à double tranchant.
Cette proposition a ainsi même été formulée en 2021 dans la Convention Citoyenne pour le Climat. Elle y fut évoquée comme une mesure de justice sociale. Rémy Dufour, membre de la Convention, formule « Ce n’était pas tout de proposer des mesures comme la gratuité des transports, il fallait aussi libérer du temps aux gens pour qu’ils puissent les prendre. C’était avant tout une question de justice sociale. »
(1) https://www.economie.gouv.fr/entreprises/teletravail
(5) https://reporterre.net/La-semaine-de-quatre-jours-bonne-pour-l-emploi-et-le-climat