You are currently viewing L’impact de l’augmentation des feux de forêt sur la qualité de l’air

Le Bulletin annuel de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) sur la qualité de l’air et du climat[1], publié le 7 septembre 2022, indique que le changement climatique risque de renforcer les effets de la pollution.

En effet, l’augmentation générale de la température et l’augmentation de la fréquence, de l’intensité et de la durée des vagues de chaleur dans les années et décennies à venir[2] ainsi que des feux de forêt en découlant se traduira par une dégradation de la qualité de l’air, impactant la santé humaine et bouleversant les écosystèmes.

Le rapport note, dans un premier temps, le rôle « des feux incontrôlés, qui englobe la combustion de biomasse à grande échelle » comme « des phénomènes indissociables et inévitables du paysage naturel » et « bénéfiques à plusieurs égards pour les écosystèmes quand ils surviennent de manière naturelle ou relevant de pratiques locales ancestrales ».

Cependant, le bulletin dresse le constat d’incendies d’intensité croissante « catastrophique pour l’environnement, la faune, la santé humaine, l’économie ».

Les feux de forêt génèrent des fumées, mélange complexe de gaz et de particule, contenant notamment, de l’ozone, du dioxyde de soufre, du dioxyde d’azote, du monoxyde de carbone, des composés organiques volatiles et des particules fines (PM2,5)[3].

L’exposition aux particules fines (PM2,5) est particulièrement nocive pour la santé. Par exemple, Santé publique France estime que chaque année près de 40 000 décès seraient attribuables à une exposition des personnes âgées de 30 ans et plus aux particules fines[4]. Les PM2,5 peuvent pénétrer profondément dans les poumons, et même entrer dans la circulation sanguine, ce qui va engendrer des effets sur les systèmes cardiovasculaire et respiratoire.

Le bulletin de l’OMM retient quà l’échelle mondiale « les mesures de la superficie totale brûlée révèlent une tendance à la baisse ces deux dernières décennies » due à la diminution des feux dans les savanes et les prairies. Néanmoins une tendance à la hausse au niveau continental est observée, les régions particulièrement touchées sont l’ouest de l’Amérique du Nord, l’Amazonie et l’Australie. Les émissions de particules fines PM2,5 issues des feux de forêt dans l’ouest de l’Amérique du Nord ont augmenté les concentrations totales dans l’air de PM2,5 (allant de 10 µg/m3 à 20 µg/m3) bien au-delà de la limite d’exposition annuelle préconisée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) de 5 µg/m3.

Les feux de forêts impactent la qualité de l’air de la région dans laquelle ils surviennent. A ce titre, ils constituent « un effet mesurable du changement climatique au niveau régional ». Par ailleurs, un rapport de 2022 du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) prévoit une hausse de 50% du nombre de feux incontrôlés d’ici à 2100.

La France ne sera pas épargnée par l’augmentation de la fréquence des feux de forêt et l’année fait figure de signe annonciateur. En effet, en 2022, 72 000 hectares de forêt ont brûlé alors que la tendance des dernières décennies était à la baisse[5].

Ce phénomène présente un risque sanitaire important qu’il faudra prendre en compte lors de l’élaboration des futures stratégies de gestion de la qualité de l’air.

 

[1] N° 2 – Septembre 2022 (wmo.int)

[2] Le climat futur en France | Météo-France (meteofrance.com)

[3] Fumée des feux de forêt 101 : La fumée des feux de forêt et votre santé – Canada.ca

[4] Pollution atmosphérique aux particules : décryptage | Ineris

 

[5] Les feux de forêt en France en six questions | vie-publique.fr

A propos de Gaspard GOUGEON