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Source: https://lenergeek.com/2021/05/26/malgre-decision-justice-europeenne-pologne-mine-charbon/

Le charbon fait partie de l’ADN de la Pologne. La fermeture de ces mines est donc une question pimentée, alors que la production d’une énergie décarbonée est de plus en plus urgente.

La place du charbon en Pologne

En Pologne, le charbon et son extraction ont une place essentielle dans son mix énergétique et sa société. Ces quelques chiffres en sont l’illustration :

NON à la neutralité carbone pour 2050

Cette place importante du charbon explique la récalcitrance de la Pologne à s’embarquer dans le pacte vert pour l’Europe, qui prévoit une neutralité carbone pour 2050. C’est le seul pays de l’Union Européenne à ne pas s’être engagé à suivre cet objectif. Pour lui, une transition aussi radicale en si peu de temps relève de l’impossible, avec des investissements colossaux. Il a été estimé qu’il faudrait plus de 500 milliards d’euros pour décarboner l’énergie polonaise. Si la Pologne est d’accord avec la finalité de l’accord, il lui est techniquement et financièrement impossible de suivre les délais imposés.

Les engagements de la Pologne

Néanmoins, la Pologne désire s’engager dans la décarbonation de son énergie. Le secteur du charbon a été très touché par la première vague de la pandémie de la Covid 19. Les pertes financières sont telles qu’elles ont provoqué la fermeture de deux mines. Le gouvernement a alors décidé de revenir sur sa politique concernant le charbon.

Fin 2020, le gouvernement commence des négociations avec les syndicats miniers, avec comme objectif la fermeture des mines de charbons d’ici 2049. En avril 2021, un accord préliminaire est signé. Il prévoit une garantie d’emploi pour les travailleurs de ce secteur jusqu’à leur retraite. Un vaste plan de réaffectation est donc en cours d’élaboration.

La Pologne ne sera pas en mesure d’atteindre la neutralité carbone pour 2050 mais, elle devrait être sortie du charbon à cette date. Pour compenser la perte énergétique que représente ces fermetures, le gouvernement prévoit d’investir dans le nucléaire et dans le renouvelable (notamment l’éolien offshore). Cela devrait aussi permettre la création de nombreux emplois.

Fermer les mines, oui, mais pas tout de suite

En mai 2021, la Pologne, revient au-devant de la scène géopolitique, avec son refus de fermer la mine de Turów, suite à une plainte de la République Tchèque.

Cette mine est située à une centaine de mètre de la frontière avec l’Allemagne et la République Tchèque. Elle produit à elle seule 7% de l’électricité polonaise. Mais elle a un impact considérable sur l’environnement, notamment sur les ressources en eau de la République Tchèque. La mine étant très profonde, elle cause des dépressions dans le sous-sol, ce qui attire les masses d’eau souterraine du pays voisin. Des pénuries d’eau se sont d’ailleurs déjà fait sentir par le passé. A cela s’ajoute des plaintes concernant la qualité de l’air et la fragilisation du sous-sol. La mine de Turów exploite du lignite, qui est la forme la plus polluante du charbon.

La République Tchèque a donc réclamé l’arrêt de son exploitation. La Commission européenne a considéré que la Pologne est en tort en raison des dommages considérables que causent la mine et a demandé la fermeture de la mine, en mai 2021. La Pologne a refusé, ce qui a amené la Commission à imposer une astreinte journalière de 500 000 € jusqu’à la fermeture de la mine. Mais pour la Pologne, il reste hors de question de se priver de cette ressource.

La question des mines de charbon polonaise reste donc aujourd’hui au cœur des débats, dans le contexte énergétique et d’urgence climatique actuel.

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