PFAS: ces “polluants éternels” à l’origine d’une préoccupation grandissante
Entre effets sur la santé et impacts sur l’environnement, les PFAS sont devenus ces dernières années un sujet préoccupant. Poêles, textiles, emballages alimentaires, automobiles de nombreux objets du quotidien contiennent ces substances.
Les PFAS
Les PFAS ou per- et polyfluoroalkylées regroupent plusieurs milliers de molécules chimiques aux propriétés spéciales. Antiadhésives, résistantes aux fortes chaleurs, imperméabilisantes ces substances sont largement utilisées depuis les années 1950. Leur forte résistance à toute forme de dégradation et leur persistance dans l’environnement leur ont valu le surnom de “polluants éternels”.
Leur omniprésence dans l’environnement est devenue incontestable. Le journal Le Monde [1] a réalisé en 2023 une « carte de la pollution éternelle » qui montre l’étendue de la contamination en Europe. Sur cette carte, nous pouvons constater qu’aucun pays européen n’est épargné. En effet, leur persistance et leur utilisation quotidienne entraînent une pollution de tous les milieux. Présents dans l’eau, l’air, les sols, certaines molécules se retrouvent dans la chaîne alimentaire. D’autres peuvent être transportées sur de longues distances notamment par l’eau ou l’air et se retrouver loin de leur lieu d’émission.
Un flou persistant
Les PFAS, connus par leur nom, sont encore source d’une grande incertitude notamment quant à leur impact réel sur la santé et l’environnement. De nombreux scientifiques se sont emparés du sujet.
Il est néanmoins possible d’affirmer que les PFAS ont des effets néfastes sur la santé des êtres vivants en raison notamment de l’exposition grandissante des êtres à ces pollutions. Les PFAS peuvent être à l’origine de problèmes de santé tels que des lésions hépatiques, des maladies thyroïdiennes, des problèmes de fertilité ou des cancers. Ils pourraient provoquer d’autres problèmes de santé comme l’obésité, une puberté précoce, des maladies inflammatoires de l’intestin mais le niveau de certitude est pour le moment faible [2].
En outre, il est encore difficile d’évaluer leurs risques sur l’environnement. En effet, les PFAS regroupent plusieurs milliers de molécules très différentes les unes des autres présentes des niveaux de toxicité très variés. Dans les milieux, ils sont également mélangés avec d’autres substances polluantes comme les pesticides ou le plastique, il est alors plus difficile de mesurer les effets de chaque molécule [3].
L’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) mène plusieurs actions simultanées pour en savoir plus sur les PFAS. Par exemple, l’agence a pour objectif d’établir “un état des lieux des contaminations des PFAS en France”. Elle ambitionne également de repérer les substances les plus dangereuses en développant une méthode de priorisation des PFAS ce qui permettra à terme d’établir une liste hiérarchisée des polluants à surveiller. L’ANSES travaille au niveau national et européen pour renforcer la qualité des résultats produits en laboratoire, elle échange sur ce sujet avec ses homologues européens [4].
Vers une interdiction des PFAS ?
Malgré le flou qui entoure les effets des PFAS sur l’environnement, leur contamination n’est pas négligeable. La réglementation est un moyen pour réduire cette pollution.
La France s’est, à ce titre, dotée d’un plan d’action ministériel (Plan d’action PFAS 2023-2027) [5] afin de renforcer la lutte contre les risques liés à l’utilisation de ces substances. Ce plan s’appuie sur six axes visant notamment une amélioration des connaissances sur ces polluants éternels, une réduction des émissions industrielles, une interdiction de leur utilisation (qui sera portée au niveau européen) et plus de transparence sur les informations disponibles.
Une proposition de loi a également été adoptée en première lecture par l’Assemblée Nationale le 04 avril 2024 visant à interdire, à partir de 2026, l’utilisation de PFAS dans certains produits comme les cosmétiques et les vêtements. La proposition prévoit également une surveillance de la présence des polluants éternels dans l’eau. Le 30 mai 2024, le Sénat a, à son tour, adopté en première lecture et à l’unanimité la proposition de loi. L’Assemblée nationale doit désormais examiner le texte en deuxième lecture : une affaire à suivre.
Principales sources :
[1] « Polluants éternels » : explorez la carte d’Europe de la contamination par les PFAS (lemonde.fr)
[2] https://www.eea.europa.eu/fr/signaux/signaux-de-laee-2020/infographies/effets-des-pfas-sur-la/view
[3] https://ecotoxicologie.fr/pfas-risque-environnement
[4] https://www.anses.fr/fr/content/pfas-mieux-connaitre-les-expositions-et-les-dangers
[5] 22261_Plan-PFAS.pdf (ecologie.gouv.fr)
[Image] https://static.wixstatic.com/media/c56719_745796902d5d4e19ade296c7045414ff~mv2.jpg/v1/fit/w_743% 2Ch_340%2Cal_c%2Cq_80/file.jpg