Qualité de vie et des conditions de travail, une situation dégradée en France
Selon l’accord national interprofessionnel (ANI) de 2013, la qualité de vie au travail (QVT) désigne « les actions qui permettent de concilier à la fois l’amélioration des conditions de travail des salariés et les performances liées à l’entreprise ». La santé au travail regroupe non seulement la santé physique et la sécurité des collaborateurs, mais aussi la santé mentale. Ainsi la qualité de vie et des conditions de travail implique la prévention des risques afin de préserver la santé des collaborateurs. Les « à-côté du travail », tels le babyfoot et les corbeilles de fruits, sont insuffisants…
- Définition de la QVCT et terminologie
L’ANI de 2020 a pris la suite de l’ANI de 2013 et a remplacé la QVT, soit la qualité de vie au travail, par la QVCT, soit par la qualité de vie et des conditions de travail. Ce changement de terminologie n’est pas anodin. Bien que l’objectif de l’ANI de 2013 fût d’inciter les entreprises à améliorer les conditions de travail des collaborateurs, celles-ci se sont concentrées sur des mesures qualifiées « d’à-côté du travail ». Or, la qualité de vie au travail doit d’abord être améliorée sur plusieurs aspects : gestion de la charge de travail, conciliation entre vie professionnelle et vie privée, égalité professionnelle entre les hommes et les femmes, recherche de sens au travail, accompagnement au changement…
En 2020 l’ANI a mis l’accent sur les conditions de travail afin de recentrer le débat sur le travail et les conditions dans lequel il est réalisé. L’ANACT, qui est à l’origine des deux ANI susmentionnés, a ainsi représenté la QVCT sous forme d’une fleur à six pétales. Ces pétales sont les piliers de la QVCT : la santé et la sécurité au travail ; l’inclusion et l’égalité professionnelle pour tous ; le management participatif et l’engagement ; les relations au travail et le climat social ; le contenu du travail ; les compétences et le parcours professionnel.
- Les conditions de travail en France
Dans un article publié au monde dans le cadre d’un projet de médiation scientifique du Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques (Liepp) de Sciences Po, Dominique Méda et Maëlezig Bigi, sociologues, expliquent les raisons de la crise du travail en France. Ils expliquent que « la France est un des pays où le fossé entre les très fortes attentes placées sur le travail et la réalité des conditions d’exercice du travail est le plus grand ». Le travail est une source de stress dans la mesure où il est également « considéré comme épuisant, mal payé, et ne débouchant que sur de faibles chances de promotions ».
Selon l’ISSP, ce stress est même plus élevé que dans d’autres pays. Cela est du à la culture du pays qui valorise les longues journées de travail, et à l’intensification du travail qui impose de faire plus dans des délais courts. Certains français travaillent donc sur leur temps libre, et un tiers a déclaré déjà avoir travaillé en étant malade. Dès lors, le refus des français de travailler dans des conditions de travail trop difficiles se manifeste par une « grande démission ». Même si le travail représente toujours une part importante dans la vie des français, ces derniers ont de plus en plus tendance à vouloir prioriser leur vie familiale.
Les risques physiques comme psychosociaux sont par conséquents élevés. D’une part les risques physiques ont été exacerbés avec les ordonnances travail de 2017 qui ont supprimé quatre critères de pénibilité, à savoir le port de charges lourdes, les postures douloureuses, les produits chimiques et les vibrations. La France semble en retard par rapport à ses voisins européens sur le volet de la prévention. D’autre part les risques psychosociaux sont élevés notamment pour les femmes qui sont victimes de discriminations.
La fidélisation des talents est un enjeu important pour les entreprises. Il est donc important que celles-ci entament ou aiguisent leur démarche QVCT. Une bonne organisation du travail et un management de qualité permettent de gérer la charge de travail de chacun, gérer les conditions dans lesquelles il est réalisé, et d’impliquer les salariés dans la prise de décisions importantes de l’entreprise. Cela permet donc de redonner du sens au travail.
Sources :
- https://www.anact.fr/la-qvct-de-quoi-parle-t
- https://www.lemonde.fr/emploi/article/2023/05/29/que-sait-on-du-travail-en-france-un-niveau-de-risques-physiques-relativement-eleve_6175277_1698637.html
- https://www.lemonde.fr/emploi/article/2023/06/12/que-sait-on-du-travail-la-qualite-du-management-une-source-de-revenus-non-negligeable_6177233_1698637.html
- https://www.lemonde.fr/emploi/article/2023/06/19/prendre-la-mesure-de-la-crise-du-travail-en-france_6178240_1698637.html