You are currently viewing La Turquie face à une crise de l’eau
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En Turquie, l’eau devient un  luxe. Pas parce qu’elle est chère… mais parce qu’elle devient rare. Entre sécheresses à répétition, pollution et gaspillage, le pays fait face à une crise de l’eau qui s’aggrave d’année en année. Et cela concerne toute la population, des agriculteurs aux habitants des villes.

Moins d’eau pour plus de monde

La Turquie n’est pas un pays désertique, mais chaque année, elle devient un peu plus sèche. Les experts parlent de « stress hydrique » : cela veut dire que la demande en eau dépasse ce que la nature peut fournir.
Alors qu’en 2020, un habitant turc disposait encore d’environ 1 500 m³ d’eau douce par an, en 2030, ce chiffre pourrait tomber à moins de 1 200 m³, 1 seuil critique à partir duquel un pays est officiellement en pénurie.
Pourquoi ? Parce que d’une part, le changement climatique entraîne moins de pluie et des périodes de sécheresse plus longues et d’autre part, la population continue de croître. En effet, avec plus de 85 millions d’habitants, la pression ne fait qu’augmenter.

Résultat : des villes comme Ankara ou Istanbul vivent déjà avec des réserves très basses. En 2023, certains réservoirs autour d’Istanbul étaient à moins de 20 % de leur capacité.2

Gaspillage agricole et réseaux vétustes

L’agriculture est le plus gros consommateur d’eau en Turquie. Elle utilise près de 75 % de toute l’eau disponible, et souvent de manière inefficace. L’irrigation traditionnelle par inondation continue dans de nombreuses régions comme Konya, accentuant le gaspillage. A cela s’ajoutent des cultures très gourmandes en eau, tels que le maïs ou le coton, qui continuent d’être plantées dans des zones où l’eau manque. Ce qui fragilise davantage la ressource. Sur le plan des infrastructures, près d’un tiers de l’eau distribuée en Turquie est perdue avant d’atteindre les foyers, en raison de réseaux vétustes et mal entretenus. Cela représente des milliards de mètres cubes gaspillés chaque année et une perte énorme dans un pays qui en manque de plus en plus. Selon les autorités turques, le système a perdu en 2021 environ 2,09 milliards de m³, soit un taux de perte de 33,5 %.3

Un manque de confiance dans l’eau du robinet

Même quand l’eau arrive au robinet, la population n’a pas toujours confiance.
Dans les grandes villes presque tout le monde à accès à l’eau courante mais cela ne veut pas dire que l’eau est bonne à boire. Bien que traitée, son goût, son odeur ou sa couleur, pousse la majorité des habitants à acheter de l’eau en bouteille. Toutefois certaines régions subissent en plus de la mauvaise qualité d’eau, des coupures fréquentes par manque d’eau ou défaillance du réseau de distribution. Des villes comme Istanbul, Izmir et Antalya ont déjà commencé à investir dans des campagnes de sensibilisation ou recourir à des technologies alternatives comme le dessalement de l’eau de mer ou le traitement des eaux usées. Mais sans politique nationale forte, les efforts restent dispersés.

Une urgence à reconnaître… avant qu’il ne soit trop tard

La Turquie peut encore agir mais elle doit repenser sa gestion de l’eau à tous les niveaux : du climat à l’agriculture, en passant par ses infrastructures.
En effet, sensibiliser la population, irriguer mieux, moderniser et entretenir les réseaux, protéger les ressources naturelles et lutter contre le changement climatique sont autant de solutions pour un usage plus responsable de l’eau. Mais sans changement et prise de conscience rapide et collective, la crise de l’eau ne fera que s’aggraver en Turquie.

 

Pour plus d’informations :

1-https://www.wwf.org.tr/kesfet/tatli_su/turkiyede_su_kaynaklarinin_guncel_durumu/

2-https://www.aa.com.tr/tr/gundem/istanbulda-barajlardaki-su-seviyesi-yuzde-20nin-altina-dustu/3033072#

3-https://www.suverimliligi.gov.tr/kentsel-su-verimliligi/

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