Le recyclage des médicaments est devenu un enjeu majeur en Europe, tant sur le plan de la santé publique que de l’environnement. L’Union européenne impose aux États membres la mise en place de systèmes de gestion adaptés pour les médicaments périmés ou inutilisés, tout en leur laissant une marge de manœuvre quant aux solutions adoptées. Chaque Etat est donc libre d’opérer de la manière dont il le souhaite. La France a quant à elle opté pour un système de récolte et de valorisation énergétique des médicaments non utilisés (MNU).
L’Union européenne en quête d’harmonisation
L’Union travaille à l’harmonisation des pratiques de recyclage des médicaments entre les pays membres. La directive 2004/27/CE (modifiant la directive 2001/83/CE du 6 novembre 2001 instituant un code communautaire relatif aux médicaments à usage humain) impose aux États membres de mettre en place des systèmes de collecte appropriés pour les médicaments non utilisés ou périmés. Des programmes de sensibilisation sont mis en place pour informer les citoyens sur l’importance du bon recyclage des médicaments.
Malheureusement, l’installation de systèmes de collecte varie fortement d’un État à l’autre, tous n’ayant pas encore adopté de mécanismes centralisés, contrairement à la France.
La France se distingue en la matière
Bien que la France ait pris un léger retard dans la transposition de cette directive européenne, la loi du 29 décembre 2011 relative au renforcement de la sécurité sanitaire du médicament et des produits de santé a introduit un cadre strict pour la gestion des MNU. Dès lors, ce dispositif s’inscrit dans une filière à responsabilité élargie des producteurs, obligeant les pharmacies à une prise en charge des produits en fin de vie qu’elles mettent sur le marché.
En France, le recyclage des médicaments est géré par l’association Cyclamed, active depuis 1993. Ce système, unique en Europe, permet la collecte et le traitement des médicaments non utilisés à usage humain, périmés ou non. D’après une étude établie par BVA, leader des études de marché, Cyclamed a permis à plus de 80 % des français de s’habituer à rapporter leurs MNU en pharmacie. L’éco-organisme à but non lucratif, perçoit auprès des laboratoires pharmaceutiques des contributions financières contrôlées périodiquement par le ministère chargé de l’environnement.
De la collecte à la production d’électricité
La première étape est celle de la collecte des MNU durant laquelle les patients sont encouragés à rapporter leurs médicaments non utilisés ou périmés dans les pharmacies. Cette étape est cruciale pour éviter que ces produits ne se retrouvent dans l’environnement ou ne soient mal utilisés.
Les pharmaciens effectuent ensuite un premier tri, séparant les emballages des médicaments eux-mêmes. Les emballages sont dirigés vers des filières de recyclage classiques. Les médicaments collectés sont ensuite acheminés vers des centres de regroupement régionaux puis vers les 55 unités de valorisation énergétique réparties sur l’ensemble du territoire.
L’incinération à haute température, supérieure à 850°C est la méthode privilégiée par Cyclamed pour le traitement des médicaments. Ce procédé garantit la destruction totale des molécules actives, empêchant toute contamination environnementale. Mais loin de se limiter à un simple procédé d’élimination, cette méthode permet également de produire de l’énergie. La chaleur et la vapeur produite au cours de l’incinération des produits pharmaceutiques permet de générer de l’électricité, permettant ainsi de chauffer ou d’éclairer l’équivalent de milliers de logements tout au long de l’année.
Les éventuels résidus de l’incinération produisent des mâchefers (résidus de la combustion du charbon), qui sont eux-même recyclés pour des remblais routiers.
Evolutions envisagées
Un des principaux défis reste la sensibilisation du grand public sur l’importance du bon recyclage des médicaments. Des campagnes d’information sont régulièrement menées pour encourager les bonnes pratiques, notamment par Cyclamed, auprès des professionnels mais également des patients et des collectivités.
Les recherches se poursuivent afin de mettre en place des méthodes de traitement des MNU plus écologiques.
Deux techniques font l’objet de travaux:
-La première est la dégradation enzymatique qui consiste à l’utilisation d’enzymes spécifiques pour décomposer les molécules médicamenteuses.
-La seconde est la phytoremédiation qui est l’exploitation de plantes pour absorber et transformer les résidus médicamenteux.
Ces deux méthodes sont celles qui seront sans doute privilégiées à l’avenir dans le cas où l’innovation en la matière s’avère nécessaire.
Pour en savoir plus sur la phytoremédiation: https://culturesetcompagnies.fr/blog/depolluer-nos-sols-grace-a-la-phytoremediation.