Le jeudi 5 décembre 2024, le collectif de professionnels axé sur la transformation écologique, Construire écologie, a publié un bilan des échanges ayant eu lieu dans le cadre d’une concertation entre trois filières industrielles essentielles : les batteries électriques, les pompes à chaleur et l’éolien off shore. L’emploi au sein de ces secteurs, pourtant au cœur de la transition énergétique, fait face à de fortes difficultés, tant à l’échelle nationale que européenne.
Un objectif de décarbonation prévu pour 2050
Comme le rappelle Construire écologie, l’objectif de neutralité carbone à atteindre pour 2050 ne peut d’une part pas être envisagé sans impliquer l’électrification des véhicules et le développement des pompes à chaleur, qui sont stratégiques afin de permettre une telle transition. L’ensemble des scénarios publiés sur la transition écologique d’ici 2050 s’accordent sur ces points, que ce soit ceux fournis par l’Ademe, RTE, voire Négawatt. Représentant 0,85 % en 2023, la part des véhicules électriques et hybrides en circulation devrait atteindre entre 10 % et 37 % selon les prévisions et les pompes à chaleur, ne représentant en 2020 que 5 % des logements, devrait atteindre entre 28 % et 53 %.
Quel constat pour le secteur des batteries électriques ?
Bien qu’au niveau européen l’éco-score (un indicateur représentant l’impact environnemental des produits) conditionne le bonus écologique français aux véhicules dont la production se situe essentiellement au sein de l’UE, le manque d’accord entre les pays européen pour se positionner sur de grande orientations en soutien aux véhicules électriques pèse sur le secteur, qui subit un phénomène de délocalisation vers la Chine. Une externalité des compétences, souvent pour des raisons de compétitivité, qui se fait au détriment de l’accompagnement des salariés actuels.
Un phénomène d’autant plus renforcé par le manque d’attractivité de la filière pour les jeunes, ce qui est en partie dû à la réputation souvent négative de l’industrie et dont le rôle reste encore largement sous-estimé au sein de la transition écologique.
Quel constat pour le secteur des pompes à chaleur ?
Initié en particulier pour les bâtiments neufs et les maisons individuelles existantes, le développement des pompes à chaleur a freiné au cours de l’année 2024 avec une baisse considérable des ventes. Le Collectif souligne notamment que les politiques publiques sont insuffisamment considérées sur le long terme, un différentiel de prix trop important entre l’électricité et le gaz, et une complexité des aides à la rénovation énergétique rendant leur accès difficile aussi bien pour les particuliers que les professionnels. Des facteurs source de précarisation des emplois, qui se font déjà assez rares et font face à la concurrence chinoise, au même titre que la filière des batteries électriques.
Concernant l’éolien off shore : qu’en est-il ?
Le développement des énergies renouvelables est au cœur de cette transition, qui repose en grande partie sur la production d’électricité. Alors même que la filière éolienne représente un bassin d’emploi important, environ 8 000 concernant l’off-shore, plusieurs points de production d’électricité par éoliennes off shore ont annoncé en 2024 des licenciements. Les objectifs français de l’éolien offshore pour 2035 prévoient pourtant la création d’environ 15 000 emplois sur l’ensemble de la chaîne de production. Mais ce déploiement se centre sur des sites de grande taille, majoritairement favorable aux producteurs chinois.
Un meilleur encadrement des appels d’offre permettrait de garantir les emplois sur le long terme, par des volumes importants de commande à un cadencement plus régulier afin d’inclure des objectifs sociaux.
Conclusions du collectif Construire écologie
Construire écologique appelle à un accompagnement des salariés actuels de ces filières afin de prioriser le transfert des compétences et la reconversion des emplois. C’est une politique sociale soutenant les industries qui est nécessaire, notamment par une révision des aides d’États afin de favoriser les productions européennes. Non seulement afin d’atteindre l’émancipation des énergies fossiles et de relancer le secteur, mais également afin de soutenir la souveraineté de l’industrie européenne sur le marché face aux concurrents étrangers.
Plus largement c’est une planification européenne claire qu’il est urgent de mettre en place, ce qui est notamment au cœur des discussions concernant la préparation du Clean Industrial Deal. Comme le souligne le collectif, « La transformation écologique ne sera réalisée que si elle est acceptée, et elle ne sera acceptée que si elle génère de l’emploi ».
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