You are currently viewing Les projets pétroliers de Total Energies en Ouganda

Alors que la COP 28 à Dubaï de décembre 2023 a permis un consensus des Etats à un « abandon progressif des énergies fossiles», Total Energies mène actuellement deux gros projets pétroliers en Ouganda: le projet Tilenga et l’oléoduc EACOP (East African Crude Oil Pipeline). Ces initiatives ambitieuses visent à transformer l’Ouganda en un acteur majeur de l’industrie pétrolière. Malgré le développement de l’emploi, limité dans le temps, ces projets sont surtout un désastre environnemental que Total essaye de minimiser. Alors même que ces activités font l’objet de nombreuses controverses mondiales, les premiers barils de pétrole sont attendus pour 2025. 

 

A quoi consistent exactement ces initiatives pétrolières ? 

Le projet Tilenga, situé près du parc national des Murchison Falls, est un vaste programme d’exploitation pétrolière. Selon Total, Tilenga pourrait produire environ 190 000 barils de pétrole par jour, ce qui en ferait l’un des plus grands projets pétroliers en Afrique de l’Est. 

Projet complémentaire au Tilenga, l’oléoduc EACOP est conçu pour transporter le pétrole extrait en Ouganda jusqu’au port de Tanga en Tanzanie, générant alors un bénéfice énorme pour les deux pays. Avec une longueur de 1443 kilomètres, il sera le plus long oléoduc chauffé au monde. Mais ce projet, qui fait l’objet de vives critiques, en particulier sur le plan environnemental.

 

La réalité sociale des projets

Les gouvernements ougandais et tanzanien défendent le projet, le considérant comme capital pour le développement économique de la région. Ils espèrent que cette initiative accélérera la création de milliers d’emplois pour une population vivant encore sous le seuil de pauvreté. Ces revenus pétroliers sont estimés par le gouvernement à des milliards de dollars, permettant ainsi de financer des infrastructures, l’éducation, et de réduire le taux de chômage. 

Cependant, si ces projets promettent la création d’emplois, la majorité de ces postes sont temporaires et liés à la phase de construction. De plus, les communautés locales vivant le long de l’oléoduc sont menacées d’expulsion. Selon plusieurs rapports d’ONG tendant à protéger les populations locales, les compensations proposées sont insuffisantes pour permettre à ces familles de reconstruire leur vie ailleurs. Malgré les efforts de Total pour une réinstallation des populations vivant dans la zone,  « de nombreuses familles, en particulier le long du corridor de l’oléoduc, ont déclaré qu’on ne leur proposait pas l’option d’un terrain de remplacement et qu’elles avaient plutôt été contraintes d’accepter des règlements en espèces inférieurs au coût de remplacement du terrain. », selon une enquête réalisée par Human Rights Watch.

 

Les initiatives de réparation de Total peuvent-elles contrebalancer le désastre environnemental de la chasse au pétrole? 

Les projets Tilenga et EACOP sont qualifiés de projets climaticides par les médias de protection de l’environnement comme Reporterre. Il est vrai que l’oléoduc EACOP traverse des zones écologiquement sensibles. L’exploitation pétrolière dans cette région présente des risques majeurs pour la biodiversité, en particulier pour le parc national des Murchison Falls, une zone protégée mais également une des principales attractions touristiques du pays, qui pourrait être fortement affectée par la pollution. 

À une époque où la réduction des émissions de gaz à effet de serre est cruciale pour combattre le réchauffement climatique, ce projet est critiqué pour son impact potentiel sur l’aggravation de la crise climatique mondiale.

Face aux critiques, Total affirme avoir pris des mesures pour minimiser l’impact environnemental du projet. L’entreprise s’engage à respecter les normes environnementales les plus strictes, en assurant que des études d’impact ont été réalisées et que des plans de restauration des écosystèmes seront mis en œuvre. Total assure que les installations mises en place pour le projet Tilenga occuperont moins de 1% de la surface qui a été accordée et que les zones de forage seront limitées.

Les projets pétroliers représentent un tournant économique pour l’Ouganda. Cependant, l’impact environnemental, les risques sociaux et les critiques remettent en question la viabilité de ces projets à long terme. En fin de compte, ce projet n’est qu’un énième exemple d’un développement à court terme, pensé pour des profits ponctuels, mais aux conséquences désastreuses sur le long terme, notamment  pour les populations locales mais également pour l’environnement. Les premiers barils de pétrole devant être prêts d’ici quelques mois, l’après- Tilenga attestera des dégâts causés par l’activité pétrolière massive sur l’environnement, et ce, malgré les efforts de Total afin d’épargner la biodiversité. 

Comme le soutient Matthieu Auzanneau dans son ouvrage Or noir: La grande histoire du pétrole, « notre avenir dépend de celui que nous donnerons au pétrole, ou bien de celui qu’il nous imposera ». 

 

Sources : 

Site Total energies en Ouganda 

Associations ou organisations tels que reporterre  




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