L’industrie du luxe, notamment les domaines de l’horlogerie et de la joaillerie est très émettrice de dioxyde de carbone. Pour extraire et raffiner une tonne de platine, 20 600 tonnes de CO2 sont émises, et pour l’or c’est 5 100 tonnes de CO2 émise pour l’extraction [1]. Ces métaux génèrent aussi énormément de déchets miniers. Il ne faut pas oublier non plus l’utilisation de cyanure dans l’industrie aurifère étant un désastre environnemental vu les rejets de certaines mines : « Les plus grandes mines d’or déversent jusqu’à 1 900 tonnes de cyanure par an dans l’environnement »[2]. Plus de la moitié de la demande d’or est captée par l’industrie de la bijouterie[3], à cela s’ajoute environ 30% pour de l’or « d’investissement ». Cet empreinte climatique et environnementale ne semble pas réellement justifiée d’un point de vue purement logique car la majorité de l’or extrait n’a pas de réelle utilité pratique si ce n’est la sauvegarde de l’artisanat, l’utilisation de l’or comme une monnaie ou plutôt un placement et l’apparat des humains.
Se pose alors la question de savoir comment les industries horlogères et bijoutières tentent-elles d’être responsable et d’adopter une démarche de développement durable dans une industrie basée sur des métaux précieux ?
Des grands groupes comme Swatch Group possèdent une charte d’approvisionnement des fournisseurs qui permet une traçabilité de l’or afin de s’assurer du respect de normes environnementales et éthiques, notamment pour éviter les minerais provenant de zones de conflit et de travail des enfants :
« L’approvisionnement en or primaire est réalisé exclusivement auprès de mines industrielles officielles et certifiées, situées aux Etats-Unis, au Canada ou en Australie. Par ailleurs, le Groupe dispose d’un cycle fermé de traitement de l’or au travers de sa propre fonderie qui lui permet de recycler les résidus de production en interne. Une partie relativement petite de l’or utilisé est recyclée auprès de fonderies suisses certifiées ou est achetée sous forme de composants auprès de fournisseurs. »[4]
Ce code de conduite pour les fournisseurs de Swatch Group « repose sur les droits humains internationalement reconnus, tels qu’ils sont énoncés dans la Charte internationale des droits de l’homme des Nations Unies et dans la Déclaration relative aux principes et droits fondamentaux au travail de l’Organisation Internationale du Travail »[5]. Des injonctions sont faites aux fournisseurs de respecter des principes environnementaux et sociaux, notamment le respect des droits des peuples autochtones ou l’absence de perte de nette de biodiversité. Heureusement, comme indiqué par Swatch Group il existe aujourd’hui des filières de recyclage d’or, qui nécessitera seulement l’énergie des fours pour le faire fondre.
En conclusion, l’industrie du luxe, notamment l’horlogerie et la joaillerie, fait face à de sérieux défis environnementaux en raison de l’extraction de métaux précieux, très émettrice de CO2 et génératrice de déchets miniers. Cependant, certaines initiatives, comme le recyclage de l’or et la mise en place de chartes éthiques par des groupes tels que Swatch Group, montrent une volonté d’améliorer la durabilité de ces activités. Ces efforts, visant à garantir la traçabilité et à respecter des normes écologiques et sociales, marquent des progrès, mais l’industrie doit encore intensifier ses engagements pour véritablement réduire son impact environnemental et social.
[1] Comment évaluer l’externalité carbone des métaux, France Stratégie
[2] Recycler son or est un acte citoyen, Or du monde
3 Aperçu global du marché de l’or dans le monde, BRGM, 5 avril 2019
[4] Rapport Développement Durable 2023, Swatch Group
[5] Code de conduite pour les fournisseurs, Swatch Group