StocaMine, site d’enfouissement des déchets dangereux en Alsace, fait débat. Entre défenseurs de l’enfouissement définitif et défenseurs du déstockage des déchets dangereux, une bataille médiatique et juridique fait rage.
Histoire du projet et problématiques
Les prémisses de ce projet commencent dans les années 1980 à côté de Wittelsheim, dans le Haut-Rhin. L’ancienne mine de potasse alsacienne allait alors devenir un site d’enfouissement souterrain de déchets dangereux non radioactifs, dès 1999.
Ce site est particulier, en ce qu’il se situe à 550 mètres sous terre, sous une nappe phréatique. En cela, il s’agit d’un site qui fait l’objet de controverses environnementales et politiques importantes.
En 2002, StocaMine fait déjà polémique suite à un incendie qui expose des centaines de salariés à des composantes chimiques toxiques. Suite à cela, le PDG sera condamné à de la prison avec sursis ainsi qu’une amende, et StocaMine fermera en 2003, en laissant incertain le sort des déchets déjà présents.
S’ensuit alors une bataille pour déstocker les déchets les plus dangereux.
Une bataille médiatique et juridique pour déstocker StocaMine
Une partie des déchets a pu être déstockée, notamment ceux comprenant du mercure. Mais ces opérations se font avec des risques d’effondrement, des risques avec d’autres déchets dangereux, et des conditions dangereuses (fortes chaleurs).
Un rapport parlementaire de 2018 énonce la nécessité d’extraire les déchets « si cela est techniquement possible, afin de ne pas faire peser un risque grave sur l’environnement, mais également sur la population ». En effet, comme évoqué auparavant, la présence de déchets dangereux pourrait avoir des effets néfastes sur la nappe phréatique. Malgré le risque important, il est décidé en 2019 d’enfouir définitivement les déchets.
En 2022, le tribunal administratif de Strasbourg suspend les travaux préparatoires à l’enfouissement. Mais en novembre, le Conseil d’État va annuler cette ordonnance. Par une requête du 23 avril 2024, Alsace Nature, association de protection de la nature et de l’environnement, demande l’arrêt immédiat des travaux d’enfouissement définitif des déchets toxiques. La Cour Européenne des Droits de l’Homme, le 21 mai, rejette la demande, car il n’y aurait pas d’atteinte au droit à la vie dans un cadre environnemental sain.
Malgré la fin des recours, certains élus, comme le député du Bas-Rhin Emmanuel Fernandes, énonce qu’il est nécessaire de suspendre les travaux d’enfouissement de déchets, au nom du principe de précaution.
Un échec environnemental et sociétal
Malgré l’étude sur le fond par le tribunal administratif de Strasbourg prévue pour 2025, tous les moyens légaux, en allant jusqu’à la CEDH, ont été utilisés pour tenter de suspendre l’enfouissement définitif des déchets dangereux.
Cette décision présente un réel danger pour l’environnement et la société, et démontre une inaction environnementale qui pourrait avoir des conséquences désastreuses dans l’avenir.