La vie aquatique subit de nombreuses agressions : acidifications, surpêche, pollution… Pour pallier à ce problème, beaucoup d’Etats se sont lancés dans la création d’aires marines protégées. Mais celles-ci sont-elles soumises à une législation suffisamment stricte ?

Depuis la Convention sur la diversité biologique de 2010, les Etats membres des Nations Unies se sont engagés à protéger 10% des zones marines et côtières. Mais les aires marines ne couvrent que 5,3% de la surface des océans1.

L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) définit une aire marine protégée comme un espace géographique défini, consacré par un statut et géré par tout moyen efficace afin d’assurer à long terme la conservation de la nature, des services écosystémiques et des valeurs culturelles associées.

Mais seulement la moitié de ces zones protégées subissent des restrictions assez efficaces

L’UICN distingue un nombre de catégories d’aires protégées, allant de la zone naturelle de ressources gérées, très peu contraignante, à des zones de réserves intégrales dans lesquelles on trouve beaucoup plus de contraintes et où les activités humaines sont exclues. Dans ces dernières, les habitats sont en meilleur santé, on y trouve même « une augmentation des espèces et une restauration de la structure trophique ». Cependant dans les autres catégories de zones protégées, les activités humaines y sont toujours autorisées, elles ne fournissent donc que “peu ou pas de bénéfices” selon le chercheur Joachim Claudet.

En effet, en 2018, un appel d’offre avait été lancé pour l’exploration du pétrole et du gaz et cela au sein d’une aire marine protégée dans les provinces du Labrador. De nombreuses aires marines protégées restent ouvertes aux activités industrielles. Même constat en France, malgré un pourcentage de 60% du bassin méditerranéen classé « protégé ». Pourtant, « il n’y aucune différence entre l’intérieur et l’extérieure de ces aires » selon Joachim, puisque seulement 0,11% de ces eaux sont concernées par la protection dite haute.

La vie marine peut se rétablir en l’absence d’activités humaines

“Selon les scientifiques, pour que la biodiversité soit réellement protégée, les aires marines intégrales devraient couvrir 30 à 50% des océans”. Une étude de la revue Nature, estime qu’un rétablissement de la vie marine pourrait être atteint d’ici 2050 si les pressions sont atténuées. Jean Pierre Gattuso, co-auteur de cette étude, explique que les récifs coralliens ont totalement été détruits suite à des essais nucléaires dans les eaux pacifiques dans les années 70, mais que quarante ans plus tard, ces derniers se sont reconstitués naturellement grâce à l’absence de pressions anthropiques durant plusieurs années.

Source :

1Marine Conservation Institute

https://www.nature.com/articles/s41586-020-2146-7

https://reporterre.net/Les-aires-marines-protegees-le-mirage-de-la-preservation-des-oceans

https://www.uved.fr/fiche/ressource/comment-rendre-les-aires-marines-protegees-acceptables-et-efficaces

A propos de Emma DEVELAY